Montréal a payé l'ancienne firme de sécurité BCIA beaucoup plus cher que ce que prévoyait son contrat. C'est ce que permet de constater une vérification du ministère des Affaires municipales (MAMROT). En gonflant certaines factures, l'entreprise a touché ainsi 43% de plus que prévu en 2008.

Le MAMROT a rendu public hier son rapport d'enquête sur la gestion des divers contrats accordés entre janvier 2004 et juin 2011 pour la surveillance de trois immeubles du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), dont son quartier général de la rue Saint-Urbain. Pas moins de cinq entreprises se sont succédé durant cette période où plusieurs lacunes administratives ont coûté cher aux Montréalais.

En janvier 2004, l'agence Unique décroche le contrat de surveillance pour une somme de 2,3 millions de dollars sur quatre ans. La vérification a établi que l'entreprise a dérogé à plusieurs points de l'offre faite à la Ville à l'époque. Elle a ainsi augmenté de 18% le taux horaire qu'elle facturait à Montréal. Le contrat prévoyait que Montréal verse 16,65$ par heure travaillée par chacun des agents de sécurité. Or, sur ses factures, l'entreprise réclamait plutôt 19,62$.

Des difficultés financières ont finalement poussé l'agence Unique à céder en 2006 une partie de ses activités à l'ancienne firme BCIA. Le contrat de surveillance a été ainsi récupéré par l'entreprise de Luigi Coretti, aujourd'hui accusé de fraude et de fabrication de faux documents.

L'entente intervenue à l'époque prévoyait que BCIA poursuivrait le mandat aux mêmes conditions que celles prévues en janvier 2004. La firme a plutôt imité l'agence Unique en produisant des factures plus élevées, majorant ses taux horaires de 20%. La firme, qui est aujourd'hui en faillite, a également envoyé des factures qui n'étaient pas prévues au contrat. Elle a ainsi facturé à la Ville l'achat d'uniformes pour ses agents alors que son contrat prévoyait pourtant que ceux-ci étaient déjà inclus.

Ainsi, alors que la Ville devait payer 580 000$ par an pour la surveillance des trois immeubles, le MAMROT a constaté que Montréal avait versé à BCIA pas moins de 833 000$ en 2008.

La vérification souligne également que le contrat de BCIA, qui prenait fin au 31 décembre 2008, a été prolongé sans appel d'offres pendant 17 mois.

Les problèmes administratifs éprouvés avec la surveillance des immeubles se sont poursuivis après le départ de BCIA. Le désistement d'une entreprise et des faillites successives de firmes sélectionnées pour faire le travail ont mené la Ville à confier de nouveau le contrat sans appel d'offres à une autre firme, d'octobre 2010 à juin 2011.

Le vérificateur constate que la même firme a finalement remporté l'appel d'offres pour la surveillance. Fait particulier, l'entreprise a réduit ses tarifs horaires de 14% pour décrocher le contrat.

Par communiqué, la Ville a estimé avoir pris la bonne décision en confiant désormais aux cols bleus la surveillance de ces trois immeubles. Elle souligne au passage que comme elle fait le travail elle-même, «le SPVM n'a plus à renouveler et à octroyer ce type de contrat».

L'ancien chef de police Yvan Delorme avait démissionné en mai 2010 peu après les révélations de La Presse sur les anomalies entourant le travail de BCIA à la Ville.