Les idées foisonnent dans la tête du Dr Réjean Thomas et la toute dernière prendra forme mercredi prochain, lorsqu'il inaugurera un «point de service» pour traiter le VIH et les infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS). Il s'agit d'un concept unique au Canada.

L'Actuel sur rue se distingue de la clinique L'Actuel et de la Clinique A, toutes deux fondées par le médecin. Ici, une infirmière et deux intervenants sociaux répondront en tout temps, durant les heures d'ouverture, aux questions des gens qui s'y arrêteront ou encore de ceux qui appelleront. Derrière la salle d'accueil équipée de sofas confortables, d'iPad et d'ordinateurs, les patients pourront faire des tests de dépistage gratuits du VIH ou de l'hépatite C et recevoir des vaccins pour les hépatites. Si un patient a besoin de rencontrer un médecin, le personnel réservera un rendez-vous à la clinique L'Actuel. Bientôt, un petit comptoir de pharmacie logera aussi sous ce toit.

Clientèles à risque

Ce nouveau point de service a pignon sur rue dans le but de rejoindre «les clientèles à risque» et les personnes qui hésitent à se présenter dans les cliniques ou les hôpitaux. La grande vitrine de L'Actuel sur rue et ses locaux sont situés rue Sainte-Catherine, en plein coeur du quartier gai.

«Quelqu'un m'a fait remarquer qu'en étant aussi visible, on reparle du sida. Effectivement, il doit y avoir 20 000 personnes qui passent par ici le vendredi soir», dit le Dr Thomas.

Et malgré les années, il faut continuer de parler du VIH et des ITSS. «Les cours d'éducation à la sexualité n'existent plus. On est en pleine épidémie d'ITSS. La syphilis avait presque disparu. En 2003, il y a eu 3 cas et en 2010, on était rendu à 500 au Canada. Aussi, 25% des Québécois qui ont le VIH et 50% de ceux qui ont l'hépatite C l'ignorent», souligne-t-il.

Au Canada, ce point de service est une première du genre. Le concept existe ailleurs, notamment à Barcelone, à Amsterdam, à Paris et à Genève, et il fait ses preuves. À Barcelone par exemple, les deux tiers des diagnostics de VIH concernent des personnes récemment infectées. Il s'agit d'une statistique importante puisque le virus se traite beaucoup plus facilement lorsqu'il est diagnostiqué tôt et parce que les patients sont le plus infectieux au début de la maladie, rappelle le Dr Thomas.

«Des personnes, pour différentes raisons, ne veulent pas aller à l'hôpital et plusieurs ne veulent pas aller attendre de longues heures dans une salle d'attente. On peut donner la trithérapie après 48 heures, au maximum après 72 heures, donc le centre va certainement permettre d'améliorer l'accessibilité aux soins», croit-il.

L'Actuel sur rue est un point de service sans rendez-vous. Il est ouvert tous les jours, sauf le mercredi. Les jeudis et les vendredis, le centre ferme à 20h.