Un rapport force Ottawa à construire un pont-jetée temporaire au coût de 100 millions de dollars pour dévier le trafic du pont L'Île-des-Soeurs. Cette somme s'ajoutera aux 3 à 5 milliards que le gouvernement prévoit investir pour le remplacement du pont Champlain.

«Lorsqu'une firme d'ingénieurs te dit: le premier pont que vous devriez remplacer dans le corridor, c'est le pont de L'Île-des-Soeurs, on prend ça très au sérieux», a déclaré le ministre fédéral des Transports, Denis Lebel, lors d'une conférence de presse, hier après-midi.

Questionné pour savoir si le pont de L'Île-des-Soeurs est dans un pire état que le pont Champlain, le ministre est resté évasif. Il a toutefois assuré que la structure était «sécuritaire», comme l'est le pont Champlain. Or, selon nos informations, les dernières analyses démontrent que le court pont se trouve dans un état tel qu'il fallait prendre des mesures immédiates.

Le pont temporaire de six voies (trois dans chaque sens) sera composé d'un amas de roches recouvert d'une chaussée. Une fois la jetée temporaire terminée, la circulation y sera déviée. Puis, les travaux de remplacement des ponts de L'Île-des-Soeurs et Champlain pourront être amorcés, «sans impact sur la circulation», a assuré M. Lebel. Le ministre lancera les appels d'offres d'ici quelques semaines pour que la construction du pont temporaire puisse commencer en 2013 pour une entrée en service en 2015. Ce projet sera séparé de l'ambitieux partenariat public-privé prévu pour le remplacement du pont Champlain, et sa facture sera entièrement assumée par le fédéral.

Lors de la conférence de presse, le gouvernement a également annoncé qu'il allait remplacer trois viaducs qui enjambent l'autoroute 15, entre L'Île-des-Soeurs et l'échangeur Turcot.

Sur la bonne voie

Le Nouveau Parti démocratique estime que l'annonce du ministre Lebel laisse de nombreuses questions sans réponse, notamment en ce qui concerne l'état du pont Champlain. Le député de Brossard-La Prairie, Hoang Mai, estime que l'investissement de 100 millions, avant même que la facture globale du projet soit connue, témoigne de l'«improvisation» du gouvernement Harper dans ce dossier.

«L'un des problèmes, c'est que le gouvernement n'ait pas agi avant», a-t-il déploré.

Même si le projet engendre un dépassement de coût, la communauté d'affaires de la Rive-Sud croit que «c'est peut-être le prix à payer pour qu'il n'y ait pas d'entraves à la circulation routière». «Le ministre Lebel avait promis de faire preuve de transparence envers la communauté d'affaires, aujourd'hui, on en a eu une démonstration. C'est sûr qu'on ne peut pas se dire déçus de ce qui a été annoncé», a dit Francis Villeneuve, directeur des communications de la chambre de commerce et d'industrie de la Rive-Sud.

Au bureau du maire Gérald Tremblay, on s'est réjoui de ces mesures qui permettront de maintenir ce lien «névralgique» entre la métropole et la Rive-Sud. «Pour nous, le but est d'assurer la sécurité, la fluidité et la vitalité économique de la métropole, a indiqué l'attachée de presse du maire, Ariane Lareau. Ce lien va permettre d'assurer tout cela pendant la construction du nouveau pont.»

Le maire de Brossard, Paul Leduc, s'est montré satisfait du fait que le projet de remplacement du pont Champlain franchisse une nouvelle étape. «On axe notre planification autour de cette infrastructure importante qui s'en vient dans les 10 ou 12 prochaines années, a-t-il résumé. On parle toujours de transport léger, alors on planifie, on en parle à nos promoteurs.»

Brossard, qui est situé à l'autre bout du pont Champlain, a connu une importante croissance immobilière au cours des dernières années.