L'arrestation musclée d'un jongleur qui a nargué des policiers montréalais sur la place Jacques-Cartier mercredi soir provoque la colère de plusieurs commerçants du Vieux-Montréal. L'amuseur public a été accusé de voie de faits et d'entrave au travail des policiers.

L'arrestation de Stephen Moore, qui fait des spectacles depuis des années sur la place touristique, a été filmée et diffusée sur YouTube. On aperçoit dans la vidéo six policiers qui l'encerclent, devant une foule de plusieurs dizaines de personnes. L'amuseur fait alors le fanfaron, feignant de se faire prendre en photo avec les agents. Mais lorsqu'un des policiers tente de l'agripper par les mains, M. Moore se défile, puis soulève un des policiers par la taille, et tombe au sol avec lui. Trois policiers se jettent alors sur lui pour le menotter, tandis que deux autres agents surveillent les réactions de la foule.

Les policiers intervenaient à la demande d'une inspecteure de l'arrondissement Ville-Marie. L'arrondissement reproche au jongleur de ne pas avoir signé de contrat lui permettant de faire des performances publiques sur la place touristique. Cette obligation, entérinée par l'arrondissement en juin dernier, s'applique à tous les musiciens et amuseurs publics. «Ça faisait une semaine que les inspecteurs avaient averti M. Moore qu'il contrevenait à la réglementation», affirme l'inspecteur Alain Simoneau, du SPVM.

«Les inspecteurs d'arrondissement n'ont pas le pouvoir de forcer un individu à s'identifier, c'est pourquoi des policiers ont été appelés sur place», ajoute l'inspecteur Simoneau. Les policiers disent avoir discuté avec le jongleur à l'écart de la foule, «mais il a alors essayé d'haranguer la foule contre les policiers. Il a invité les gens à protester avec lui contre le règlement.»

C'est à ce moment que l'intervention policière s'est déroulée. «J'ai trouvé que c'était un usage excessif de la force, estime Carl Nayak, un barman qui travaillait à proximité quand l'incident s'est produit. C'est sûr que ça s'est vite envenimé de part et d'autre, mais je crois qu'il y avait moyen pour les policiers d'agir autrement.»

«Ce n'est pas bon pour les restaurants et les bars. Les gens étaient confus. Ils pensaient que les policiers faisaient partie du spectacle, puis ça a dégénéré. Il y avait beaucoup d'enfants, et ils capotaient», affirme pour sa part Ralph, propriétaire du restaurant Amir de la Place Jacques-Cartier.  

«C'est inacceptable ce qui s'est passé, renchérit Mirko Kovalski, un restaurateur de la Place Jacques-Cartier. Ça présente mal le Vieux-Montréal, qui est quand même un reflet important de notre ville pour les touristes.»

L'obligation de signer un contrat avec l'arrondissement vise à contrôler davantage l'horaire des prestations sur la Place Jacques-Cartier. Les musiciens et amuseurs publics détenteurs de permis ont été conviés en juin à une rencontre d'information au sujet des nouvelles règles édictées par l'arrondissement Ville-Marie. «M. Moore a participé à cette rencontre, mais il n'a pas signé le contrat par la suite», affirme Anik de Repentigny, porte-parole de l'arrondissement.