Les pluies diluviennes qui sont tombées mardi soir sur le sud du Québec ont inondé au moins 250 maisons et forcé l'évacuation de 62 personnes. Principales villes touchées, Montréal et Longueuil assurent que la désuétude de leurs égouts n'est pas responsable des refoulements survenus.

Au moins 98 logements de la métropole ont été inondés mardi soir, rapporte la Ville de Montréal. D'ailleurs, déjà 30 personnes ont demandé à être dédommagées. D'autres réclamations suivront vraisemblablement, car les gens ont 15 jours pour présenter une demande.

La pression était telle dans les conduites d'eau de la métropole que plusieurs plaques d'égout ont été propulsées dans les airs. Même certains regards qui avaient été soudés par précaution n'ont pas résisté sous la force de l'eau. La soudure de la plaque d'égout de la rue Wolfe a même cédé. Celle-ci avait été rendue «célèbre» l'été dernier après qu'un geyser d'eau en sortant eut été filmé et diffusé en ligne.

À Longueuil aussi, on dénombre une centaine de maisons touchées par des refoulements. Une douzaine de familles ont dû être évacuées sur la Rive-Sud, rapporte un porte-parole de la Croix-Rouge, Carl Boisvert. Ainsi, 60 Longueuillois ont passé les deux dernières nuits à l'hôtel et devraient y rester pour quelques jours encore.

Les pluies diluviennes ont surtout touché les résidants de la rue Blanchet, dans le Vieux-Longueuil. D'autres secteurs ont également été inondés puisque la Ville dit avoir reçu 1500 appels.

La Ville de Longueuil figure elle-même sur la liste des sinistrés puisque le garage de son hôtel de ville a été inondé. Les bureaux de la cour municipale ont également dû fermer pendant une partie de la journée hier, car le toit du métro Longueuil, où elle loge, n'a pas résisté aux fortes averses.

À Châteauguay, une cinquantaine de maisons ont vu leur sous-sol inondé. Personne n'a eu à être évacué, toutefois, précise un porte-parole municipal, Sylvain Daignault.

Les conséquences des fortes pluies ont également touché Saint-Hyacinthe, en Montérégie, où les averses ont inondé plusieurs sous-sols. Deux personnes dont la maison a été inondée ont été prises en charge par la Croix-Rouge. Là aussi, l'hôtel de ville a été touché; de l'eau s'est infiltrée dans son sous-sol.

Les villes se défendent

Montréal évalue avoir reçu jusqu'à 75 mm de pluie en 30 minutes. Le maire Gérald Tremblay a tenu à préciser que de telles averses surviennent seulement une fois tous les 100 ans. «On peut investir des milliards, mais il n'y a pas un réseau qui peut absorber en un si court laps de temps les quantités de pluie tombées.»

Même réponse à Longueuil de la mairesse Caroline St-Hilaire. «Oui, il y a un déficit d'entretien, mais ce n'est pas à cause de ça qu'on a eu des refoulements. D'ailleurs, ce ne sont pas nécessairement les secteurs les plus vieux de Longueuil qui ont été le plus inondés.»

Dans la ville voisine de Saint-Lambert, un refoulement est d'ailleurs survenu sur l'avenue Victoria, pourtant refaite à neuf en 2010, égouts compris. «Dans des conditions aussi extrêmes, cela ne change rien que le réseau ait été récent ou âgé, car l'ensemble du réseau a été saturé sur une période de quelques minutes», a expliqué Catherine Langevin, porte-parole de la municipalité.

N'empêche, les deux oppositions à Montréal ont accusé l'administration Tremblay d'en faire trop peu pour prévenir le refoulement d'égouts. Vision Montréal réclame que la Ville accélère la construction des bassins de rétention, ces immenses réservoirs servant à absorber les fortes accumulations d'eau.

Selon Projet Montréal, il vaudrait mieux favoriser le verdissement des quartiers. Sur le béton, l'eau ruisselle jusque dans les égouts, qui finissent par déborder en cas de pluie diluvienne. À l'inverse, les surfaces poreuses comme les parcs, les carrés d'arbres et les ruelles vertes permettent à l'eau de s'infiltrer dans le sol, ce qui réduit la pression sur les conduites. La deuxième opposition estime que les normes de construction appliquées par la Ville favorisent encore trop le béton au détriment des espaces verts.