Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) dit ne pas être en mesure de répliquer efficacement à la rumeur et à la désinformation qui circulent abondamment sur les réseaux sociaux.

«On ne se bat pas à forces égales», affirme le commandant Ian Lafrenière, responsable des communications au SPVM.

«Nous, on ne peut pas dire n'importe quoi. Toutes les informations que nous transmettons, nous devons les vérifier et les contre-vérifier pour ne pas dire des âneries. Ça demande beaucoup de temps et des ressources», dit-il.

Autre difficulté, la Loi sur la protection des renseignements privés et le Code de déontologie policière interdisent aux policiers de dévoiler les noms d'individus tant qu'ils n'ont pas comparu devant la justice. «Je ne peux pas avoir de conscience élastique et décider de violer cette règle quand ça m'arrange ou quand ça arrange l'image de la police», ajoute Ian Lafrenière.

Selon André A. Lafrance, professeur de journalisme à l'Université de Montréal et spécialiste du phénomène des légendes urbaines, la seule façon de contrer une rumeur comme celles qui circulent sur la Toile au sujet de la police est d'«occuper l'espace». C'est ce que tentent de faire les policiers avec le compte Twitter du SPVM (@SPVM), qui est alimenté par un policier qui se trouve physiquement au centre de commandement et qui a accès à l'information en temps réel.

«Mais même s'ils répondent à la spin par de la contre-spin, c'est un jeu impossible à gagner», croit le professeur Lafrance. Le terrain de jeu est beaucoup trop vaste. D'ailleurs, les policiers disent être moins présents sur Facebook. «On n'a pas le temps pour ça», indique M. Lafrenière.

Pour les menaces en ligne plus sérieuses, le SPVM compte une équipe spécialisée dans les cyberenquêtes, mais elle répond généralement à des demandes précises. Elle n'a pas pour mandat de suivre la Toile de près à la recherche d'informations qui pourraient nuire au SPVM. «Au Québec, les budgets attribués aux équipes de cyberenquête ont déjà été plus élevés», indique José Fernandez, spécialiste de la sécurité informatique à l'École Polytechnique de Montréal.

Selon différentes sources, l'ensemble de la force de frappe policière au Québec compterait en tout une cinquantaine d'enquêteurs.