Le rythme lointain de quelques cuillers de bois heurtant le fond d'autant de casseroles est vite devenu assourdissant, mercredi soir, dans Rosemont. À 20h, dans plusieurs rues, des dizaines de personnes étaient sorties de chez elles pour faire du bruit, comme c'est le cas depuis quelques jours. Spontanément, certains sont descendus de leur balcon pour marcher.

De quelques dizaines de personnes au départ, le cortège a gonflé à quelques centaines. Puis il en a croisé un deuxième à l'intersection de la rue Beaubien et de l'avenue Christophe-Colomb. La foule s'est alors arrêtée sur place, bloquant la circulation dans un grand tintamarre.

«Les gens sont passés dans la rue devant chez moi, ça m'a inspiré, ça m'a donné le goût de descendre, a dit un jeune père de famille. J'ai un beau petit bébé de trois mois, c'est pour lui que je fais ça. Ça démontre l'insatisfaction de la population à l'égard du gouvernement Charest.»

Des rassemblements identiques ont aussi eu lieu dans d'autres quartiers de la métropole, notamment dans Hochelaga-Maisonneuve et Villeray, de même que dans plusieurs villes du Québec.

Depuis quelques jours, les marches nocturnes sont précédées de ces «manifs de casseroles» dans plusieurs quartiers de Montréal. Citoyens de tous âges sortent dans la rue ou sur leur balcon, tapant sur leurs chaudrons avec des ustensiles de cuisine. Le signal de départ est 20h et les manifestants font du bruit pendant 20 minutes.

Le tout se veut un clin d'oeil au Chili de l'époque de Salvador Allende, où ont débuté en 1972 les marches des «casseroles vides» pour dénoncer la pénurie de produits alimentaires sur le marché.

Évidemment, tout le boucan de mercredi soir n'a pas fait que des heureux. Dans les médias sociaux, quelques citoyens semblaient ulcérés par le bruit qui empêchait notamment leurs enfants de dormir. Mais dans l'ensemble, le taux d'appui à cette technique de manifestation, également utilisée par les Argentins lors de la crise économique dans leur pays au début des années 2000, semble important.