«Nick le shylock menaçait de faire sauter la baraque et de lui donner une volée s'il ne payait pas.»

Voilà comment l'enquêteur de la Sûreté du Québec (SQ), Dominique Alain, résume la situation de l'ancien propriétaire d'AV-NET avant qu'il ne cède ses sociétés à des proches de John Mckenzie.

Dans son témoignage devant la Régie des alcools, le policier explique avoir travaillé pendant des années sur le projet Diligence, une enquête sur l'infiltration des Hells Angels dans l'économie légale.

La SQ avait placé sur écoute Michel Sainte-Marie, expert financier soupçonné d'envoyer l'argent des motards dans des paradis fiscaux.

Pendant qu'ils écoutent Sainte-Marie, les policiers l'entendent discuter avec une amie d'un certain Benoît Jobin, propriétaire d'un bar et d'une entreprise de nettoyage de graffitis, qui aurait contracté «un prêt usuraire à 60%» pour 180 000$. Jobin a emprunté cette somme d'un certain Mckenzie, du gang de l'Ouest, entendent les policiers.

Sainte-Marie accepte alors d'aider Jobin. Il ne connaît pas Mckenzie, car il connaît seulement «la vieille garde du gang de l'Ouest», dit-il. Il conseille à Jobin de ne pas parler à la police.

Jobin a peur que les prêteurs «descendent chercher leur argent». Son associé, Éric Laliberté, a encore plus peur que lui. Ils ont reçu des menaces de «Nick le shylock».

«Pour moi, Nick, c'est le collecteur, pas le prêteur», explique Dominique Alain. Le fameux Nick semble être responsable du recouvrement des dettes pour le compte de John Mckenzie, selon le policier.

Incapable de rembourser, Jobin se retrouve avec une dette qui grimpe rapidement à 250 000$. Il explique à Sainte-Marie «qu'ils» ont organisé la faillite de ses deux commerces.

Sainte-Marie songe à l'aider pour redémarrer une nouvelle entreprise de lavage à pression. Sa stratégie: inclure le frère de Maurice Mom Boucher comme associé de Jobin, pour empêcher les usuriers de l'embêter. Mais il abandonne l'idée.

Finalement, il explique textuellement à Jobin ce qu'il doit dire à son créancier: «Écoute, tu m'as pris mes deux commerces, tu vas refaire ton argent avec les commerces et moi, j'arrête là. Je ne suis plus capable.»

Interrogé devant le tribunal, Éric Laliberté, associé de Jobin, a nié les propos enregistrés par la police. Il ne s'est jamais senti menacé, assure-t-il. Il affirme avoir cédé ses commerces volontairement, après voir contracté un prêt auprès des sociétés Suntrust et Majji, à des taux d'intérêt «avoisinant le 50% par année». Suntrust et Majii sont les entreprises respectives de la mère et de la conjointe de John Mckenzie.