Tristement célèbre pour ses logements insalubres, Claudio Di Giambattista a de nouveau reçu la visite des inspecteurs de la Ville de Montréal dans l'un de ses immeubles, mercredi. L'état du bâtiment est tel que l'éviction des locataires est envisagée, mais le propriétaire maintient que les moisissures couvrant les plafonds de certains appartements ne peuvent pas affecter leur santé. «Quels champignons? Tu dois juste peinturer.»

Visiblement irrité par toute l'attention qu'attire son immeuble de l'arrondissement de Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension, l'homme de 83 ans a fait visiter ses logements à La Presse. Dans la salle de bains d'un appartement, le plafond est couvert de moisissures. L'humidité est frappante. Rien qu'une bonne couche de peinture ne saurait régler, estime M. Di Giambattista.

Le propriétaire accuse ses locataires de ne pas respecter leur bail dans lequel il a ajouté une note les rendant responsables de faire les travaux d'entretien. «Ce sont des fainéants», tranche-t-il. Une infiltration d'eau? «Tu coupes le gypse deux pieds par deux pieds et tu changes. C'est facile.» De la moisissure? «Tu grattes et tu peintures.»

Alors pourquoi ne pas faire lui-même le travail? En guise de réponse, il insulte le journaliste de La Presse.

Un locataire qui a préféré ne pas être nommé estime qu'il n'a pas à faire lui-même toutes les réparations que nécessite son logis. Le chauffage ne fonctionne pas dans le salon, où plusieurs infiltrations d'eau sont survenues durant hiver. Les portes extérieures ne ferment plus et sont couvertes de moisissures. Sa salle de bains aussi est infestée. La nuit, des blattes se promènent dans la cuisine.

Les inspecteurs ont constaté qu'il s'agit «d'un immeuble très détérioré qui va demander des réparations d'ordre majeur», confirme Benoît Lacroix, directeur de l'aménagement urbain de l'arrondissement. L'évacuation est envisagée, confirme-t-il.

Au cours de leur visite, les inspecteurs étaient escortés des policiers. M. Di Giambattista «est agressif avec les représentants de la Ville» et fait beaucoup d'obstruction, explique-t-on.

Di Giambattista se montre aussi agressif envers ses locataires, qu'il accuse d'avoir alerté les médias et la Ville. Quand il en croise un, il lève le poing et menace de le «sacrer dehors avec tous ses enfants», et ajoute un chapelet de jurons.

Le propriétaire prévoit de toute façon que la Ville évacuera plusieurs de ses logements en invoquant des problèmes d'insalubrité. Qu'importe, il a déjà mis des affiches pour les louer de nouveau. Il n'a pas peur, d'autres locataires viendront. C'est ce qui se passe chaque fois.