Au bord de la faillite à cause des frais d'entretien de son immense édifice, le TAZ a reçu une bouée de sauvetage inattendue: la Ville de Montréal deviendra propriétaire du bâtiment.

La transaction de 4,3 millions, dont 2 provenant de la Ville, a été autorisée mercredi par le comité exécutif. Une subvention de Québec de 2,3 millions boucle le budget. «Les obligations financières étaient trop lourdes pour l'organisme, précise Manon Barbe, responsable des loisirs. Nous avons décidé de les prendre à notre charge pour sauvegarder cet investissement majeur et faire en sorte que les jeunes puissent pratiquer leur sport favori.»

Le TAZ continuera de gérer l'ensemble de ses activités, qui comprennent au premier plan un roulodrome, mais qui se sont diversifiées depuis 2009 avec notamment le patinage de vitesse, le hockey sur patins à roulettes et des activités culturelles. Construit à l'époque pour 10 millions, dont 2,5 provenaient de la Ville de Montréal, l'édifice a été fréquenté l'an dernier par 43 000 personnes. «Il était au bord de la faillite en raison des charges, pas à cause de la fréquentation, qui a dépassé les prévisions», précise Mme Barbe.

Le TAZ joue un rôle communautaire et social important, ajoute-t-elle, et constitue un outil efficace de prévention du décrochage scolaire. Ouvert en 1996 au Palais du commerce, rue Berri, le TAZ en avait été délogé en 2001 pour permettre la construction de la Grande Bibliothèque. Son déménagement, initialement prévu à l'ancien incinérateur des Carrières, a été retardé jusqu'à ce qu'on annonce son installation au complexe environnemental Saint-Michel, sur l'avenue Papineau.

L'organisme à but non lucratif s'occupera de la gestion des lieux et des activités de sport, tandis que le nouveau propriétaire de l'immeuble se chargera de sa réfection. On prévoit en outre verser 120 000$ au TAZ cette année, puis 180 000$ en 2013, une contribution qu'on qualifie de «régressive» pour les prochaines années.

«Ça fait partie de la mission de la Ville, estime Mme Barbe. On ajoute le TAZ à l'offre de service, nous réaffirmons notre engagement envers la jeunesse montréalaise et la pratique sportive.»

Le directeur général du TAZ, Michel Comeau, a salué ce qu'il a qualifié d'«excellente nouvelle». «Ça nous enlève un poids des épaules. C'est sûr que c'était une épée de Damoclès.» Il répète que la cause des problèmes financiers n'est pas le manque de clientèle: ce sont des contraintes imprévues qui ont plombé le budget. En 2010, l'organisme a notamment dû payer les impôts fonciers et les droits de mutation dont il croyait être exempté, une dépense de plus de 800 000$. «Ç'a été un clou entré profondément, dit M. Comeau. Nous comptions sur la commandite, mais c'est excessivement difficile d'aller en chercher depuis 2008.»

Un «éléphant blanc»

Dans une lettre publiée dans les médias en 2006 et rediffusée ce matin, le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, avait prédit que «Montréal se ramassera avec un nouvel éléphant blanc sur les bras» en déménageant le TAZ.

«Malheureusement, l'histoire m'a donné raison, déclare-t-il. C'était un échec annoncé depuis le début, c'est maintenant un échec avéré.»

Dès janvier 2011, rappelle-t-il, la Ville avait accordé une subvention de 1,3 million à l'organisme qui éprouvait alors «d'importantes difficultés financières», selon le sommaire décisionnel.

La cause de ce cafouillage, estime-t-il : la localisation «terrible» du nouveau Taz, loin du centre-ville. «Ça ne pouvait pas marcher, c'est triste à mourir qu'on ait investi autant.» Il met «fortement» en doute les chiffres officiels d'affluence, lui qui considère qu'«on nous mène en bateau depuis le début» dans ce dossier.