L'Agence métropolitaine de transport (AMT) envisage d'utiliser ses locomotives bimodes sur la ligne de train de banlieue de Deux-Montagnes en mode électrique, et sans carburant diesel dans les réservoirs, en attendant que les mesures de protection contre les incendies soient améliorées dans le tunnel du mont Royal.

L'agence responsable des trains de banlieue de Montréal devra toutefois obtenir le feu vert du Canadien National (CN), propriétaire de la voie ferrée, qui s'oppose à la remise en service de ces nouvelles locomotives depuis un déraillement survenu à la Gare centrale, le 9 décembre dernier.

On ne s'entend pas sur la cause

Dans la première entrevue accordée depuis sa nomination, il y a cinq semaines, le président par intérim de l'AMT, Paul Côté, a reconnu qu'on ne s'entend toujours pas, presque quatre mois plus tard, sur les raisons du déraillement qui est survenu au moment où des passagers se trouvaient dans le train. Heureusement, personne n'a été blessé lors de l'accident.

En 2008, l'AMT a commandé 20 de ces puissants engins bimodes qui fonctionnent au diesel ou à l'électricité. Les locomotives, construites en Allemagne par Bombardier, coûteront à l'AMT un peu plus de 300 millions, en incluant les frais divers.

Les deux premières locomotives ont été mises en exploitation à la fin du mois de novembre, en mode diesel, sur la ligne de train de Mont-Saint-Hilaire, après plusieurs mois de tests et d'essais. Le matin du 9 décembre, au moment où le train entrait en gare à moins de 10 km/h, une voiture a penché sur le côté et la locomotive neuve s'est inclinée contre le quai. Un rail a été endommagé.

Les locomotives bimodes immobilisées

Depuis l'accident, le Bureau de la sécurité des transports a ouvert une enquête afin de déterminer les causes du déraillement. Devant l'absence de conclusions, aucune locomotive bimode n'a été mise en service depuis.

«On poursuit nos discussions avec le CN, assure M. Côté. On essaie de déterminer les conditions d'exploitation de ces locomotives. Il ne faut pas précipiter ce genre de décision.»

«Vous pensez que ça me fait plaisir de savoir que j'ai des locomotives immobilisées, alors que je pourrais les utiliser parce qu'elles sont plus performantes et plus économes en carburant?»

«Je ne sais pas ce que seront les mesures correctrices, dit M. Côté. Est-ce que c'est le matériel, est-ce que c'est la voie? Est-ce un ensemble de circonstances? Je ne sais pas. C'est certain que le voeu de l'AMT, c'est de remettre ces locomotives en service au plus tôt, mais c'est certain, aussi, que l'AMT ne le fera pas au détriment de la sécurité des voyageurs.»

La ligne Deux-Montagnes en mode électrique

Si l'AMT obtient le feu vert du CN, la mise en service des locomotives bimodes et des voitures de série multiniveaux sur la ligne Deux-Montagnes, en remplacement des voitures électriques actuelles, permettrait d'augmenter de 60% le nombre de sièges sur chaque rame de train.

Comme la ligne de Deux-Montagnes est entièrement électrifiée, les locomotives bimodes fonctionneraient en mode électrique et leurs réservoirs de carburant diesel seraient vides. La présence de carburant inflammable dans le tunnel du mont Royal soulève des enjeux de sécurité, parce que cette infrastructure ne comporte ni équipement pour combattre un incendie ni sortie de secours.