Un matin comme un autre. Le métro n'arrive pas. Dans la station, une voix brouillée annonce «un ralentissement de service à la station X». Les usagers poussent tous en même temps un soupir résigné. Impression de déjà-vu? Ce n'est pas qu'un sentiment: en 2011, les rames du métro de Montréal se sont immobilisées presque 1000 fois durant 5 minutes ou plus, pour une multitude de raisons. Et cette tendance, confirme la Société de transport de Montréal (STM), se poursuit depuis le début de 2012.

Jeudi dernier, des dizaines de milliers d'usagers de la ligne 1 (verte), dans l'est de Montréal, ont dû s'entasser dans les autobus dépêchés d'urgence pour compenser l'arrêt complet du service dans le métro. En pleine heure de pointe matinale, deux voitures se sont découplées du reste de leur rame, un événement jamais vu en 45 ans de service alors que des passagers se trouvaient à bord des voitures. Les usagers ont été évacués en plein tunnel. Le métro a été paralysé pendant plus d'une heure entre les stations Honoré-Beaugrand et Berri-UQAM. Une enquête est menée à la STM afin de comprendre ce qui s'est produit.

Les pannes de cette ampleur sont relativement rares, mais elles marquent davantage l'esprit des usagers que n'importe quelle amélioration de service. Personne ne le sait mieux que Dominique Lemay, directeur principal du métro à la STM. Le nombre d'arrêts de service augmente depuis six mois, reconnaît-il. En revanche, ils durent moins longtemps.

Selon les données fournies à La Presse par la STM, le service a été interrompu à 980 reprises dans le métro en 2011, pour une durée d'au moins cinq minutes. En moyenne, ces arrêts ont duré près de 11 minutes, une nette amélioration par rapport à 2007, où des interruptions duraient en moyenne 15 minutes et demie.

Il s'agit tout de même du plus important nombre d'arrêts de service enregistré en six ans par la STM. Par rapport aux cinq années précédentes, où on a signalé une moyenne annuelle de 860 incidents, cela représente une hausse de 14% des interruptions de service.

Une «bonne nouvelle»

La «bonne nouvelle», selon M. Lemay, c'est que «sur le plan des équipements, il n'y a pas d'indice de crise, pas de tendance lourde qui démontrerait que les voitures ou les équipements du réseau sont en train de déraper».

Plus de la moitié de toutes ces interruptions de service ont été provoquées par des interventions médicales et en raison d'arrêts provoqués volontairement ou non par les clients eux-mêmes, qui échappent des objets sur la voie, tirent les signaux d'alarme, bloquent les portes avec leurs sacs à dos, ou décident d'aller marcher dans le tunnel.

En 2011, les pannes des voitures du métro ou les bris d'équipements dans le réseau ont été la cause de seulement le tiers de toutes les interruptions de service ayant duré plus de cinq minutes (voir capsule).

Et depuis le début de 2012, soutient M. Lemay, «ce sont les objets échappés par des usagers sur les voies et les dynamitages sur le chantier du CHUM» qui expliquent l'essentiel de l'augmentation. Les pannes durent moins longtemps, mais perturbent tout de même des milliers d'usagers.

Depuis six mois

«En novembre, on a senti un peu d'augmentation, dit M. Lemay. Puis, en décembre, en janvier et en février, il y en avait encore plus. Ça nous arrive à peu près tous les 18 ou 24 mois de traverser des périodes comme cela où on se demandece qui arrive»

«Mais quand on analyse les incidents un par un, froidement, on s'aperçoit qu'ils sont tous indépendants les uns des autres. C'est juste une période où tout arrive en même temps et où il ne faut surtout pas paniquer, parce que dans un réseau comme le métro, la tendance se dessine sur le long terme.»

Depuis le début du mois de mars, par exemple en date de vendredi dernier, le réseau a enregistré trois pannes majeures de plus de 30 minutes. La première a été provoquée par un appareil du système de télécommunications... qu'on venait tout juste de remplacer. Deux jours plus tard, un passager a dû être évacué d'urgence pour des raisons de santé.

Le troisième incident est celui qui s'est produit jeudi, sur la ligne verte.

«Pour la clientèle, dit M. Lemay, de tels incidents sont inacceptables, c'est évident, et ça, même le président de la STM l'a dit publiquement, aujourd'hui [vendredi]. Mais, plus on roule, plus c'est susceptible d'arriver.»

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En 2011

> 980 interruptions de service

> Durée moyenne des pannes: 11 minutes

> 77 millions de kilomètres parcourus