Ce sont finalement 226 personnes qui ont été arrêtées jeudi en marge de la manifestation contre la brutalité policière, dont un protestataire solitaire qui aurait profité de la cohue pour se faufiler dans le stationnement du quartier général du SPVM avec un cocktail Molotov.

Selon les premières informations à filtrer de sources policières, le suspect se serait discrètement rendu au quartier général de la police, rue Saint-Urbain, alors que tous les yeux étaient tournés vers les marcheurs dans la rue.

Les policiers avaient toutefois prévu ce genre de tactiques. Des agents restés sur place pour surveiller les véhicules de police ont vite repéré l'intrus dans le stationnement. Ils lui ont mis la main au collet et ont saisi son dispositif incendiaire.

Sans avoir de bilan final, le chef de police Marc Parent a déclaré en conférence de presse que des bâtons cloutés et des équipements pyrotechniques ont aussi été saisis. Le SPVM n'était toutefois pas en mesure d'en fournir des images pour le moment.

Un élève de quatrième secondaire arrêté

Sept policiers ont été blessés et deux citoyens l'auraient été également par des manifestants, selon la police. Urgences-santé a traité sur place quelques manifestants pour des blessures mineures, mais aucun n'a été transporté à l'hôpital. Aucun blessé grave n'a été répertorié dans les deux camps.

En conférence de presse, Marc Parent a tenu à féliciter ses troupes pour leur travail «extrêmement exigeant» pendant cette manifestation «somme toute très agitée, dans laquelle il y avait plusieurs casseurs et agitateurs», dit-il.

Sur 226 manifestants arrêtés, 190 l'ont été lors d'une arrestation de masse près de la Grande Bibliothèque. Trente-six personnes ont été arrêtées isolément. Le SPVM affirme qu'une quinzaine de personnes ont fait l'objet d'arrestations de façon préventive, les policiers ayant des motifs de croire qu'ils allaient commettre un acte criminel. Cinq d'entre elles feront face à diverses accusations.

Le chef Parent s'est dit frappé par le très jeune âge de certains manifestants. Un des jeunes arrêtés était un élève de quatrième secondaire.

La plupart de ceux qui ont été arrêtés ont été libérés sous promesse de comparaître pour des infractions à un règlement municipal, voies de fait ou possession d'armes ou d'objets incendiaires.

Deux suspects ont comparu au palais de justice de Montréal, hier, pour être accusés de voies de fait sur des policiers. Les deux sont de jeunes itinérants qui ont quelques antécédents judiciaires pour des infractions mineures. Anthony Biro Arpad, 29 ans, et Yannick Marquis, 22 ans, ont dû s'engager à ne pas fréquenter le parc Émilie-Gamelin, à côté de la station de métro Berri-UQAM, pour être libérés dans l'attente de leur procès.

Droit de manifester

Tout en dénonçant les casseurs et les personnes qui lançaient des objets aux policiers, le chef Marc Parent a insisté sur l'importance de préserver le droit de manifester.

Tous les messages dans une société comme la nôtre méritent d'être entendus et c'est correct, ça fait partie de la société dans laquelle on vit. Je crois qu'hier, il y avait du monde qui était de bonne foi», a-t-il déclaré.

Malheureusement, il y en a toujours qui veulent profiter de ces événements-là pour casser et agiter», dit-il.

Le chef a aussi souligné qu'il y aura toujours des critiques pour dire que la police est intervenue trop tôt, comme d'autres se plaignent toujours qu'elle intervient trop tard lors de ce genre d'événement.

C'est un peu «damned if you do, damned if you don't»», a-t-il lancé.