Les élus du quartier Hochelaga-Maisonneuve pressent Ottawa d'allouer une aide financière à deux organismes qui s'attaquent au problème de la narcoprostitution et de l'itinérance. Ils soupçonnent le gouvernement conservateur de vouloir bloquer une subvention approuvée par l'agence de la santé et des services sociaux de Montréal pour des motifs purement idéologiques.

La députée fédérale néo-démocrate, Marjolaine Boutin-Sweet, la députée péquiste, Carole Poirier, et le maire de l'arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Réal Ménard, ont exhorté dimanche la ministre chargée du dossier, Diane Finley, d'accorder une aide financière de 635 000$ à l'organisme Dopamine. Le groupe vient en aide aux consommateurs de drogues injectables du secteur, clientèle composée d'un grand nombre de prostituées et de sans-abri. Il souhaite quitter ses locaux exigus pour emménager dans un plus grand espace, rue Sainte-Catherine. Or, le gouvernement fédéral tarde à allouer la subvention qui a été demandée dans le cadre du programme SPLI (Stratégie des partenariats de lutte contre l'itinérance). Le projet a été approuvé en 2011 par un comité qui relève de l'agence de la santé et des services sociaux de Montréal. Dopamine reçoit 12 000 visites par année.

«Ça fait plusieurs années que l'on travaille avec le programme SPLI dans notre quartier. Le vrai scandale, c'est que généralement, l'acceptation par l'agence fait foi d'une approbation que l'on juge à peu près définitive et à laquelle il ne manque que la signature ministérielle, a expliqué le maire Réal Ménard en point de presse. Et là, ils se sont fait demander de retirer de leur site web des éléments de référence dans la définition même de ce qu'ils sont comme organisme. Nous, comme élus, nous avons des raisons de penser qu'il y a des motivations philosophiques derrière cela qui envoient comme message que si vous êtes une prostituée, vous n'êtes pas réellement une bénéficiaire de services.»

«Avec les questions qu'ils posent, on commence à se demander s'ils ne cherchent pas des raisons pour ne pas avoir à octroyer la subvention», a ajouté Mme Boutin-Sweet.

Les élus demandent aussi au gouvernement d'allouer une somme de 60 000$ pour embaucher deux travailleurs sociaux qui travailleraient dans un centre de répit de quatre lits pour prostituées et de quatre lits pour sans-abri, un projet déposé par l'organisme Carrefour d'alimentation et de partage (CAP) Saint-Barnabé. Le centre de répit occuperait les locaux de Dopamine après son déménagement.

«On veut offrir aux filles une porte de sortie, a expliqué Carole Poirier. On est tous conscients que ce n'est pas la première ou la deuxième visite qui va faire changer l'ensemble de la situation du quartier, mais on a confiance que lorsque la fille va prendre l'habitude de venir ici, qu'il y aura du personnel médical et social sur place pour l'aider dans son cheminement, pour l'aider à aller en désintox, il va y avoir des ressources là pour l'aider à raccrocher.»

Le maire de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve estime que pour maintenir une «paix» dans ce quartier de son arrondissement, il est très important d'avoir des travailleurs communautaires. Actuellement, cinq travailleurs de rue sillonnent le quartier pour venir en aide aux prostituées et sans-abri. Selon le maire Ménard, leur travail est indispensable pour d'abord les aider à se raccrocher au système de santé et, en fin de compte, à quitter la rue. Le directeur général du CSSS Lucille-Teasdale, Daniel Corbeil, était d'ailleurs présent au point de presse dimanche pour témoigner de son appui aux deux projets.