Son rôle dans l'histoire du Canada a été reconnu par la Ville de Montréal en 1988, qui en a fait un monument historique. Son occupation par des squatteurs en 2001 a été une épine dans le pied du maire de l'époque, Pierre Bourque.

En 2006, l'arrondissement de Ville-Marie a manifesté son intérêt pour l'acquérir. Mais voilà, même si elle est régulièrement sous les projecteurs de l'actualité, la maison Louis-Hippolyte La Fontaine est laissée à l'abandon depuis 25 ans.

Un oubli que le parti de la deuxième opposition à l'hôtel de ville, Projet Montréal, espère corriger en présentant une motion au conseil municipal le 19 mars.

C'est le conseiller du district Mile End, Alex Norris, qui pilote la motion qui proposera, concrètement, de décréter une réserve sur le terrain qu'occupent la maison historique et son verger.

«Elle est laissée dans un état pitoyable, tapissée de graffitis, c'est une vraie honte, dit M. Norris. C'est un des nombreux exemples du manque de fermeté de l'administration Tremblay.»

Construite dans les années 1830, la maison, sise au 1395, avenue Overdale, a été habitée par Louis-Hippolyte La Fontaine jusqu'à sa mort. Elle demeure «un exemple rare de l'architecture néo-classique en pierre des grandes villas du quartier Saint-Antoine», selon Héritage Montréal. Elle est la seule survivante d'un îlot de maisons d'intérêt patrimonial, ayant échappé de peu à la démolition il y a deux décennies.

Les anciens propriétaires, malgré les rappels des fonctionnaires municipaux, ont laissé la maison à l'abandon. En 2011, un nouveau propriétaire, l'homme d'affaires Kheng Ly, a fait l'acquisition du terrain et de la maison pour 28 millions. C'est auprès d'eux que Projet Montréal espère que l'administration Tremblay fera pression pour redonner du lustre à ce monument. «On a déjà un règlement sur l'entretien des bâtiments, que la Ville n'applique que très rarement», dit Alex Norris. La création d'une réserve foncière, si elle ne force pas formellement les propriétaires, «enverrait un signal aux autres ordres de gouvernement», estime-t-il. Le deuxième volet de sa motion propose d'ailleurs d'en faire un centre d'interprétation des événements de 1849. Après avoir incendié le parlement Place d'Youville, une foule de manifestants avait pris d'assaut la maison de La Fontaine.

L'arrondissement du Plateau-Mont-Royal, dirigé par Projet Montréal, «a pris ses responsabilités» dans un dossier similaire, affirme Alex Norris. L'an dernier, les élus ont obtenu une injonction forçant la restauration d'une maison victorienne délabrée à l'intersection de l'avenue des Pins et du boulevard Saint-Laurent. «Elle est en train d'être restaurée de façon magnifique, dit M. Norris. On a prouvé qu'avec de la volonté politique, on peut protéger notre patrimoine.»

Minoritaire au conseil, Projet Montréal a besoin de l'appui du parti du maire Tremblay pour faire adopter la motion. «J'espère qu'ils vont reconnaître son importance et voter avec nous.»

À l'arrondissement de Ville-Marie, on précise qu'«il y a actuellement des discussions entre l'arrondissement et un promoteur», à la suite du rachat du terrain en 2011. «Il a toujours été clair pour l'arrondissement que la préservation et la mise en valeur de la maison Louis-Hippolyte La Fontaine sont un enjeu important du développement du terrain», assure Anik De Repentigny, porte-parole.