À qui la faute? Au lendemain de l'effondrement d'une immense dalle de béton dans un stationnement du Stade olympique, deux firmes du chantier se renvoient la balle quant à la responsabilité de l'événement.

La firme de génie-conseil CIMA +, déjà poursuivie par Québec, était responsable des travaux d'ingénierie sur le chantier. La société Broccolini, quant à elle, menait les travaux en qualité de maître d'oeuvre.

Tous les regards se tournent maintenant vers un amoncellement de terre ou de roches qui aurait causé une surcharge sur la dalle de béton, qui s'est finalement effondrée. Dès lundi matin, le grand patron du Parc olympique et la ministre du Tourisme ont montré ce problème du doigt. «Il y avait énormément de terre au-dessus de la dalle de béton qui s'est effondrée, a affirmé David Heurtel, président-directeur général de la Régie des installations olympiques. Toute structure a ses limites.»

Accusations mutuelles

Toute la journée, Broccolini et CIMA+ ont rejeté l'un sur l'autre la responsabilité de l'effondrement qui, miraculeusement, n'a fait aucun blessé.

CIMA+ jure que personne ne lui avait demandé de vérifier la capacité de soutien de cette dalle de béton. On ne l'avait pas non plus informée de la possibilité qu'un poids important - un amoncellement de terre, par exemple - soit posé sur celle-ci, a affirmé Kasimir Olechnowicz, président de la firme d'ingénierie.

«On ne peut pas prévoir toutes les manoeuvres que l'entrepreneur va faire», a-t-il soutenu lors d'une entrevue avec La Presse.

M. Olechnowicz a ajouté que l'un de ses ingénieurs était passé sur le chantier jeudi matin et qu'il aurait affirmé qu'aucun amoncellement de terre n'était alors visible. La firme d'ingénierie fait déjà l'objet de poursuites de la part du gouvernement du Québec pour son implication présumée dans l'effondrement d'un paralume du tunnel Viger, l'été dernier. SNC-Lavalin et Dessau, également membres du consortium de construction, sont poursuivies avec CIMA+. Un rapport a allégué qu'il y avait eu faute dans la préparation des plans et devis des travaux qui étaient en cours lors de l'effondrement.

De son côté, Broccolini fait valoir qu'il était de la responsabilité de CIMA+ de calculer la capacité de la dalle de béton.

La firme chargée de l'ingénierie sur l'ensemble du projet, c'était CIMA+, a affirmé David Ieroncig, porte-parole du maître d'oeuvre du chantier. Il a par ailleurs assuré que son entreprise n'utilisait pas de machinerie lourde sur la dalle de béton, prenant soin de maintenir les grues et les autres machines en périphérie de cette zone.

C'est l'administration du stade Saputo qui a choisi de faire affaire avec Broccolini et CIMA+. Richard Legendre, vice-président de l'Impact de Montréal, a esquissé un sourire en coin lorsque La Presse lui a fait remarquer que les deux firmes se renvoyaient la balle. «Ça peut arriver», s'est-il limité à dire.

L'Impact jouera

L'Impact ne devrait pas pâtir outre mesure de l'effondrement de dimanche. M. Legendre et Joey Saputo ont affirmé que les six matchs à jouer de la mi-mars à la mi-juin devraient avoir lieu comme prévu sur le terrain du Stade olympique. Quant au stade Saputo agrandi, l'objectif reste d'y disputer un premier match le 16 juin prochain. M. Legendre a affirmé qu'il était confiant, car les travaux continuent sur le plus gros du chantier d'agrandissement.

Par ailleurs, des employés dont les bureaux sont installés à l'intérieur d'anciens stationnements désaffectés du Parc olympique craignent que le ciel ne leur tombe sur la tête.

«Les gens sont inquiets, a expliqué Audrey Castonguay, employée de la Fédération de l'âge d'or du Québec. On a beau tenter de nous rassurer, il reste que les stationnements ont été construits dans les mêmes années.»

Âge avancé

Selon elle, le stationnement touché par l'effondrement trahissait son âge avancé. D'importantes fuites y étaient visibles et certaines zones étaient parfois condamnées pour quelques jours.

Elle ajoute que lundi matin, l'information a mis du temps à parvenir aux employés installés dans ces bureaux. Ils ne savaient pas si leur lieu de travail était sûr ou si l'effondrement de la veille avait fragilisé la structure, a relaté Mme Castonguay. Les bureaux troglodytes devaient être temporaires. Ils y sont depuis 1985.