L'ex-directeur général de Montréal, Louis Roquet, a-t-il démissionné pour rien? L'administration Tremblay vient d'approuver sa recommandation pour pourvoir un poste-clé à la Ville, celui de chef du contentieux. Or, c'est le refus initial de son candidat qui, selon certaines sources, aurait mené à son départ précipité.

Montréal a annoncé la démission du plus haut fonctionnaire municipal en décembre dernier, invoquant des «raisons personnelles». Plusieurs sources ont toutefois indiqué que des «tensions croissantes» étaient apparues entre Louis Roquet et Michael Applebaum, président du comité exécutif de la Ville depuis un an. La sélection du nouveau directeur du contentieux aurait été la goutte qui a fait déborder le vase.

Louis Roquet recommandait la nomination d'un avocat déjà au service de Montréal, Benoît Dagenais. À l'inverse, Michael Applebaum préférait lancer un appel à candidatures pour permettre aux avocats à l'extérieur de l'appareil municipal de postuler pour s'assurer «d'aller chercher le meilleur candidat possible».

Le président du comité exécutif reconnaît avoir d'abord bloqué la promotion de l'avocat, estimant que l'ancien directeur général n'avait pas suffisamment justifié sa recommandation. «Il n'avait pas donné de raisons. Il a dit: J'ai décidé de faire un appel à candidatures [à l'interne], c'est la personne que j'ai choisie et il faut la nommer», a indiqué M. Applebaum. Louis Roquet a démissionné peu après.

Même résultat

Or, deux mois après sa démission, son successeur a fait la même recommandation pour pourvoir le poste. Et même si aucun appel à candidatures à l'externe n'a été mené, le comité exécutif et Michael Applebaum ont cette fois approuvé le choix. Celui-ci sera entériné à la prochaine séance du conseil municipal. «Guy Hébert a expliqué sa vision, pourquoi il a voulu prendre quelqu'un de l'intérieur. Il nous a dit que, avec ses années d'expérience et les différents postes qu'il a occupés, c'était mieux. Pour quelqu'un de l'extérieur, ça peut prendre jusqu'à 6 mois avant de comprendre le fonctionnement de ce service stratégique.»

Reconnaissant avoir eu un différend avec Louis Roquet sur l'embauche du directeur du contentieux, Michael Applebaum nie toutefois que sa démission y est liée. Le président du comité exécutif réfute aussi les accusations selon lesquelles il aurait fait preuve d'ingérence dans l'appareil municipal en bloquant la nomination de Benoît Dagenais.

«Ce serait de l'ingérence si on était intervenus dans une décision déléguée au directeur général, mais la décision finale revenait au comité exécutif et au conseil municipal. C'était une recommandation», a-t-il plaidé.

Un désaveu, selon Vision Montréal

La chef de l'opposition officielle, Louise Harel, estime que l'embauche de Benoît Dagenais représente un désaveu pour Michael Applebaum, infligé par le comité même qu'il préside.

«Il avait dit publiquement vouloir aller à l'externe pour chercher le meilleur candidat possible. Comme on ne l'a pas fait, je peux simplement conclure que Michael Applebaum n'a pas eu la confiance de ses collègues.»

Le chef de la deuxième opposition, Richard Ber-geron, a quant à lui salué la nomination de Benoît Dagenais, estimant que la Ville devait favoriser les candidatures internes pour pourvoir les postes importants afin de valoriser le service public.

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Quatre candidatures étudiées

L'ancien directeur général de Montréal Louis Roquet a interviewé quatre candidats avant de recommander Benoît Dagenais au poste de directeur du contentieux de la Ville. Le poste avait été laissé vacant par le départ en août dernier de Me Line Charest, nommée juge à la cour municipale de Montréal. L'intérim avait d'ailleurs été assuré par Benoît Dagenais, qui touchera à son entrée en fonction un salaire annuel de 150 000$. L'avocat travaille à la Ville de Montréal depuis 1996. Avant d'être nommé directeur du service du contentieux, il était depuis 2006 chef d'équipe en droit public et législation. Me Dagenais a auparavant été, pendant cinq ans, procureur à la cour municipale de Montréal, avocat en droit du travail au contentieux et adjoint au directeur de la cour municipale.