Montréal prévoit dépenser près de 1 million de dollars pour remplacer l'éclairage de la place d'Armes, alors qu'on paiera pendant 10 ans encore le système installé en 2002. La Ville estime qu'il a «perdu un peu de son éclat».

En mai 2001, la Ville a accordé un contrat de 2,2 millions à la firme Construction NRC pour illuminer la place d'Armes et les bâtiments qui la bordent. Cet éclairage, financé par un emprunt amorti sur 20 ans, avait été inauguré en février 2002 lors du festival Montréal en lumière.

Dix ans plus tard, le travail est à refaire. La plupart des projecteurs ne fonctionnent plus, et les autres «ne diffusent plus la lumière de la couleur prévue».

En prévision du 400e anniversaire de Paul de Chomedey de Maisonneuve, qui aura lieu en février, l'administration Tremblay a autorisé des travaux d'une valeur de 900 000$ en décembre dernier. Cette somme servira à mettre à niveau 50 projecteurs et à en remplacer 200. Le coût du remplacement de tout le système d'éclairage de 2002 est plus élevé, mais il est impossible à chiffrer puisque Montréal a profité de la récente réfection de la place d'Armes, au coût de 14 millions, pour remplacer les lampadaires.

«Le plan lumière de la place d'Armes a perdu un peu de son éclat», dit le document préparé par la division de l'art public et de la mise en valeur du patrimoine pour justifier cette dépense. On y apprend que les équipements vieux de 10 ans ont atteint la limite de leur vie utile. On ne mentionne toutefois pas le fait que le paiement des appareils à remplacer s'étend sur 20 ans, soit jusqu'en 2021.

«Si on estime que la durée de vie d'un produit est de 10 ans, logiquement, il faudrait payer ça en moins de 10 ans. Sinon, on se retrouve avec un produit qu'on doit changer alors qu'on n'a pas fini de le payer. C'est une gestion qu'on peut remettre en question», dit Serge Belley, professeur à l'École nationale d'administration publique (ENAP).

La Ville explique que les projecteurs ont mal vieilli. La majorité de ceux qui éclairent la façade de la basilique Notre-Dame et l'intérieur des clochers ne fonctionnent plus. Montréal a également constaté «que les appareils servant à illuminer la Banque de Montréal ne diffusent plus la lumière de la couleur prévue pour mettre en valeur la pierre du bâtiment».

Deux autres cas

Depuis l'adoption du Plan lumière de Montréal, en 1996, c'est la troisième fois que la Ville doit refaire l'éclairage de l'un des 20 lieux illuminés dans le Vieux-Montréal. En 2007, 80 des 100 appareils qui éclairaient la place Jacques-Cartier, voisine de l'hôtel de ville, n'étaient plus fonctionnels. On avait alors constaté que les projecteurs installés en 1997 commençaient à rouiller en raison d'un problème d'étanchéité.

Après une série d'essais - la Ville a d'abord estimé que la lumière projetée par les diodes électroluminescentes (DEL) ne rendait pas justice aux pierres des bâtiments voisins -, Montréal a accordé un contrat de 245 000$ à Construction NRC pour le remplacement des appareils défectueux. On s'est aussi muni d'une garantie de cinq ans.

Les problèmes d'éclairage ont également touché l'hôtel de ville. Lors des travaux de réfection de la toiture, en 2008, des employés ont constaté la dégradation importante du système d'éclairage installé 10 ans plus tôt. La Ville a encore une fois retenu les services de Construction NRC, moyennant la somme de 448 000$, afin de refaire l'éclairage.

La métropole s'était dotée en 1996 d'un Plan lumière afin d'assurer «confort et sécurité» aux visiteurs du Vieux-Montréal. La place d'Armes avait pour sa part été illuminée en 2002 afin de «permettre aux Montréalais de redécouvrir, à la brunante, les splendeurs architecturales de ce plus bel ensemble de bâtiments patrimoniaux du quartier». On souhaitait en faire «l'une des plus belles portes d'entrée piétonnes du Vieux-Montréal et un des plus spectaculaires repères visuels du nouveau paysage nocturne de Montréal».