Québec a reconnu il y a plus de cinq ans la nécessité de sortir les organismes de sports et de loisirs des anciens stationnements souterrains du Stade olympique de Montréal. Depuis, rien ne bouge.

C'est que d'un point de vue politique, il n'est pas simple d'arracher au Stade les 600 travailleurs qui le maintiennent en vie depuis un quart de siècle.

Au cours des dernières années, François Hamel a ratissé la région de Montréal, à la recherche de locaux susceptibles d'accueillir la centaine d'organismes actuellement regroupés sous le Stade.

C'est l'ancien ministre de l'Éducation, du Loisir et du Sport, Jean-Marc Fournier, qui lui en a confié le mandat. «Nous lui avons soumis 32 hypothèses», dit le directeur général sortant de Regroupement Loisir Québec.

Cinq ans et deux remaniements ministériels plus tard, le dossier n'a pas avancé d'un millimètre. «L'actuelle ministre, Line Beauchamp, nous a promis une réponse en janvier 2011. On attend toujours.»

Avec le temps, M. Hamel a compris qu'il ne serait pas facile de convaincre le gouvernement. Pour loger les organismes, le ministère de l'Éducation paie un loyer annuel de 1,6 million de dollars à la Régie des installations olympiques (RIO), qui relève du ministère du Tourisme.

«Pour le gouvernement, c'est une bonne affaire: la main droite donne à la main gauche», explique M. Hamel.

La plupart des organismes n'ont pas les moyens d'assumer eux-mêmes le loyer. Ils ne peuvent faire autrement que de se plier au bon vouloir du gouvernement. «Quand papa paie, on ne peut qu'être d'accord.»

«Mme Beauchamp est sensible à la question, mais nous sommes dans un contexte économique difficile au Québec. Il faut trouver une solution dans ce contexte-là», dit Dave Leclerc, attaché de presse de la ministre Beauchamp.

Autre obstacle: les élus et les représentants économiques d'Hochelaga-Maisonneuve, qui s'opposent à un déménagement. Parce que 600 employés, c'est l'équivalent d'une grande entreprise dans le quartier. Des employés qui mangent au restaurant et qui magasinent dans les boutiques des environs...

Et pourtant, ces employés ont souvent l'impression d'avoir été aspirés dans un trou noir. «On n'existe pas. Dans les visites touristiques du Stade, les guides ne disent jamais que 600 personnes travaillent sous leurs pieds. On n'existe pas non plus pour les autorités du Parc olympique, qui n'ont pratiquement jamais parlé de nous dans leurs rapports annuels depuis 25 ans», déplore Daniel Caron, du Conseil québécois du loisir.

Le «peuple troglodyte» met désormais tous ses espoirs dans le rapport que produira d'ici à la fin de 2012 le comité-conseil sur l'avenir du Parc olympique, présidé par l'ancienne directrice du Devoir, Lise Bissonnette. «Elle n'a sûrement pas voulu accoler son nom à un comité fantoche, dit M. Hamel. Avec le succès de la Grande Bibliothèque [dont elle était la présidente], on a bon espoir que son rapport ne sera pas tabletté.