Les jours sont comptés pour les édifices délabrés du boulevard Saint-Laurent, entre le Monument-National et le Café Cléopâtre. Québec a autorisé leur démolition mercredi matin.

Le ministère de la Culture y met essentiellement deux conditions. Les pierres de façade devront être démontées une à une, numérotées, entreposées et réutilisées pour un projet futur de leur propriétaire, la Société de développement Angus (SDA). Les travaux ne devront en aucun cas «fragiliser la structure du Monument-National, qui est un monument historique», a précisé la porte-parole Annie LeGruiec.

La décision de la ministre Christine St-Pierre a été communiquée dans la journée à l'arrondissement de Ville-Marie, qui en a avisé la SDA.

«Un devis détaillé décrivant clairement la méthode de démolition des bâtiments [...] devra être réalisé par un architecte spécialisé en conservation des bâtiments anciens, appuyé au besoin par un ingénieur en structures», a précisé l'arrondissement par communiqué.

Tous les devis et relevés devront être approuvés avant les travaux. La SDA, devenue Gestion Saint-Laurent Angus, a l'obligation de terminer les travaux d'ici trois mois.

Des exceptions

Deux édifices échapperont au pic des démolisseurs. Celui qui est le voisin direct du Monument-National, à l'adresse civique 1186-1188 - qui n'est en fait qu'une façade consolidée par des barres de métal -, restera en place. L'autre édifice sauvegardé est à l'angle du boulevard Saint-Laurent et de la rue Sainte-Catherine, au nord du Café Cléopâtre, à l'adresse 1246-1250. C'est le seul qui ait été entretenu depuis deux ans; il abrite le bureau de chantier du 2-22, construit en face.

Les autres édifices, du 1190 au 1220, boulevard Saint-Laurent, avaient été achetés au début de 2010 par la Société de développement Angus pour 7 millions, dans le cadre d'un projet conçu par la Ville de Montréal, le Quadrilatère Saint-Laurent. Le projet est tombé à l'eau en mai dernier, devant le refus du propriétaire du Café Cléopâtre d'être exproprié.

Abandonnés depuis deux ans, sans chauffage, les édifices tombaient littéralement en ruine et ont été graduellement condamnés. Le Monument-National, comme l'a rapporté La Presse hier matin, s'est par ailleurs plaint des problèmes d'humidité au sous-sol, des risques d'infiltration et des désagréments causés à sa clientèle par le périmètre érigé depuis trois semaines.

Ce périmètre, instauré le 2 décembre dernier à la suite de rapports alarmants, sera maintenu «jusqu'à nouvel ordre», précise l'arrondissement. Une partie du trottoir et une voie sur le boulevard Saint-Laurent resteront fermées, tout comme la rue Clark, à l'arrière des édifices délabrés.