Pour la première fois en cinq ans, les policiers de Montréal ont été plus lents en 2011 à répondre aux appels moins urgents, un glissement qualifié de «préoccupant» par les hauts responsables.

En présentant vendredi son budget 2012, en hausse de 4,3% à cause des augmentations salariales, le directeur du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Marc Parent, a reconnu que les temps de réponse s'étaient accrus dans trois des quatre catégories d'appels. «Pour nous, c'est une préoccupation, on regarde ça de près.» Les temps de réponse des priorités 2, 3 et 4 ont respectivement augmenté de 44 secondes, 3 min 21 secondes et 2 min 15 secondes de 2010 à 2011. Ils se sont établis à 12 min 58 s, 46 min 58 s et 1h45 min. Les appels les plus urgents, de priorité 1, ont cependant connu une baisse notable du temps de réponse, passant de 6 min 36 s à 5 min 37 s.

Le directeur du SPVM a expliqué la tendance par «une question de priorisation» et de déploiement des ressources. «Si on me donne 200 policiers de plus, je vais être plus efficace sur les temps de réponse», a-t-il lancé aux membres de la commission de la sécurité publique, réunis à l'hôtel de ville. Son adjoint Pierre Brochet estime que ces temps de réponse peuvent «créer un sentiment d'insécurité», mais a assuré que le service plaçait comme «priorité [...] le suivi plus serré des appels».

En entrevue peu après sa présentation, le directeur Parent a tenu à préciser qu'on mettait des efforts particuliers à recueillir plus d'information auprès des citoyens qui réclament une intervention policière. «Il y a vraiment prise en charge du citoyen. Il ne faut pas s'en faire, on va s'assurer qu'il n'y aura pas de gens qui n'appelleront pas parce que les délais sont trop longs.»

Il a rappelé qu'il s'agissait d'un recul ponctuel, puisque les temps de réponse se sont constamment améliorés depuis 2007. Dans la catégorie 4, par exemple, les délais sont plus courts en 2011 qu'ils ne l'étaient en 2008 et 2009.

Profilage en baisse

En 2012, les dépenses du SPVM passeront à 662 millions, en hausse de 29 millions. La plus grande part servira à financer les augmentations salariales de 2% obtenues par les policiers (11,6 millions) ainsi que la «prime à la métropole» décrétée en arbitrage, qui coûtera 6,6 millions. Même si on a embauché sur papier 102 nouveaux policiers, l'effectif restera sensiblement le même l'an prochain, à 4360 années-personnes, puisqu'il s'agit essentiellement de permanences accordées à des temporaires.

Le directeur Parent s'est en outre félicité de la chute marquée des plaintes pour profilage racial, qui sont passées de 33 à 11. Le changement de mandat du groupe Éclipse, «qui ne fait plus de pêche ouverte» et épaule dorénavant les postes de quartier, serait en grande partie à l'origine de cette baisse. Lors de sa nomination, en septembre 2010, Marc Parent avait spécialement reçu du maire Gérald Tremblay le mandat de s'attaquer aux pratiques discriminatoires au sein du SPVM, dont les profilages racial et social.

En 2012, le service de police compte se concentrer sur les crimes violents et les crimes «émergents», comme la cybercriminalité, le vol d'identité et la fraude.

En fin de matinée, le service des incendies a également présenté un budget en hausse de 4,3%, établi à 328 millions. L'augmentation de la masse salariale par des «réaménagements structurels» est responsable des deux tiers de cette augmentation, soit 8,6 millions. L'effectif des pompiers reste le même, avec 2392 personnes.