La Ville de Montréal force ses arrondissements à adopter des taxes locales pour boucler leur budget, dénonce la chef de l'opposition, Louise Harel. Devant le gel de leurs dépenses imposé par l'administration Tremblay, un 10e arrondissement a introduit cette année une taxe locale sans pour autant améliorer les services.

Pour la première fois, Saint-Laurent ajoutera une taxe spéciale sur l'avis d'imposition de ses résidants. Cette mesure devrait lui permettre de récolter 2,4 millions. En conférence de presse, le maire Gérald Tremblay s'est défendu d'affamer les arrondissements. «Les arrondissements ont fait des choix, soit d'investir dans un centre communautaire, soit dans d'autres services à leurs citoyens. Ce sont des décisions d'arrondissement.»

L'opposition estime au contraire que le sous-financement par la ville centre contraint les mairies d'arrondissement à introduire ces taxes spéciales. «C'est une taxe pour payer l'épicerie, pas pour se payer des projets spéciaux», a rétorqué Mme Harel.

Le maire du Plateau-Mont-Royal, Luc Ferrandez, juge de plus en plus difficile de justifier les hausses de taxes alors que les services aux citoyens ne s'améliorent pas. «En trois années, c'est 100 millions de plus que le Plateau va envoyer à la ville centre. En contrepartie, les citoyens ont reçu zéro en services de première nécessité. Les citoyens vont continuer de voir le déneigement comme on le fait, avec énormément de contraintes. Je comprends les citoyens de devenir cyniques.»

L'élu de Projet Montréal se dit particulièrement déçu pour les commerçants de son secteur. «C'est 3200$ d'augmentation par année pour un commerce de base! Au moins, s'ils avaient des services qui allaient avec, mais ce n'est pas le cas», a déploré Luc Ferrandez.

Par arrondissement, la hausse de taxes la plus forte en 2012 se fera d'ailleurs sentir dans le Plateau-Mont-Royal, où les avis d'imposition grimpent en moyenne de 5,66%. Suivent Anjou (5,43%) et Le Sud-Ouest (4,88%). À l'inverse, les propriétaires de L'Île-Bizard-Sainte-Geneviève (1,01%) et Saint-Léonard (1,69%) ont droit à une augmentation plus faible que la moyenne.

Vision Montréal a de nouveau martelé que l'administration Tremblay aurait avantage à réduire le nombre d'arrondissements. «Le vrai problème, c'est qu'il y a trop d'arrondissements, trop d'organisations, trop de ceci, trop de cela pour générer des économies», a lancé le conseiller Pierre Lampron, porte-parole en matière de finances.

Rare moment d'harmonie à l'hôtel de ville, tant l'administration Tremblay que l'opposition ont convenu que le système d'imposition doit être révisé. «Les taxes foncières ont atteint leur limite», a laissé tomber le maire en point de presse. La Presse a révélé, cette semaine, que les taxes municipales avaient augmenté deux fois plus vite que l'inflation dans l'ensemble du Québec.