L'argent des Montréalais ne doit pas aller dans l'explosion des salaires des fonctionnaires et les dédoublements administratifs, mais servir à la réfection des infrastructures désuètes, aux transports collectifs et aux mesures pour freiner l'exode des familles.

Quelques heures avant le dépôt du budget de Montréal pour l'année 2012, lequel devrait annoncer une hausse du fardeau fiscal d'environ 3%, les deux partis de l'opposition à l'hôtel de ville se sont entendus pour demander essentiellement la même chose au maire Gérald Tremblay: plus de rigueur budgétaire.

Selon la chef de Vision Montréal, Louise Harel, «il y a des économies d'échelle à réaliser» avant de demander un effort supplémentaire aux contribuables. «On s'attend à ce que l'administration nous donne ses orientations en ce qui concerne les regroupements de services», notamment pour le matériel roulant et les immeubles, a-t-elle déclaré en point de presse. Elle estime qu'une hausse du fardeau sous la barre de l'inflation, établie à 2,5%, est «acceptable» dans la mesure où les besoins de réfection des infrastructures sont criants.

Le budget de Montréal pour l'année 2012, qui sera rendu public ce matin vers 10h30, devrait comprendre des dépenses frôlant les 4,7 milliards, en hausse de près de 5% par rapport à 2011. Le gros de cette hausse, plus des deux tiers, est dû à l'explosion des coûts liés aux régimes de retraite des employés de la Ville, qui sont passés de 198 à 578 millions entre 2008 et 2012. L'administration espère réduire ces coûts de 50 millions annuellement; elle a réussi jusqu'à maintenant à récupérer 1,8 million la semaine dernière, en augmentant la participation de ses 1600 employés cadres.

«Les vrais enjeux»

Projet Montréal demande une bonification des programmes d'accès à de grands logements à prix abordable, pour freiner l'exode des familles. En ce qui concerne le transport, on déplore qu'on ait investi en 2011 seulement 69 des 240 millions promis pour l'ambitieux Plan de transport adopté en 2008. «C'est censé être le grand plan du maire Tremblay; avec l'exode des familles, les 80 000 ménages perdus au cours des neuf dernières années, c'est ça qui doit être la clé de tout le reste, estime le chef du parti, Richard Bergeron. Quand est-ce qu'il va comprendre où sont les vrais enjeux de Montréal?»

Il dénonce en outre «l'étranglement financier» des arrondissements, dont les budgets seront encore vraisemblablement gelés en 2012. «Il sera difficile de continuer d'offrir le même niveau de services aux citoyens, prévient-il. Les citoyens montréalais paient déjà plus que leur part de taxes. Ils ne doivent plus être victimes de règles qui désavantagent systématiquement les arrondissements et les services de proximité qu'ils leur offrent.»

M. Bergeron demande en outre que la Ville jugule la «hausse incontrôlée» de sa masse salariale. Selon ses statistiques, un employé moyen à la Ville a profité de hausses de salaire de 6% en 2011 - en grimpant les échelons ou en profitant d'augmentations de 2%. «C'est tout à fait inéquitable et scandaleux pour les payeurs de taxes montréalais», a-t-il déclaré.