La sécurité à l'Institut Philippe-Pinel continue de susciter de vifs débats à l'interne. La présidente du syndicat des employés a été suspendue sans salaire pour deux jours, en raison de propos tenus dans la foulée d'un reportage de La Presse sur une prise d'otages dans l'établissement.

«C'est clair que je vais contester cette suspension», affirme la présidente, Karine Cabana.

Le mois dernier, La Presse levait le voile sur une dramatique prise d'otages survenue à l'Institut au printemps. Un délinquant sexuel multirécidiviste avait réussi à ligoter trois employés à la pointe d'une arme. Une infirmière, sur qui il fantasmait ouvertement depuis longtemps, avait été secourue par des collègues alors qu'il tentait de l'agresser. L'intervention avait tourné à la bagarre.

Parmi les nombreux employés qui s'étaient confiés dans le cadre du reportage, Karine Cabana était une des seules à avoir parlé à visage découvert, à titre de présidente du syndicat.

«Autrefois, la politique sur les fouilles était beaucoup plus systématique. Personne n'entrait à l'Institut comme patient ou visiteur sans une fouille assez complète, souvent jusqu'à la palpation», expliquait-elle. Elle avait ensuite évoqué des lacunes dans la sécurité lors d'une entrevue à LCN avec le chroniqueur judiciaire Claude Poirier.

En réaction au reportage, le directeur général de l'Institut, Jocelyn Aubut, avait diffusé un communiqué interne réitérant l'importance primordiale qu'il accorde à la sécurité. De nombreux changements ont d'ailleurs été implantés pour réduire les risques après la prise d'otages.

Mais le syndicat semble toujours insatisfait. Karine Cabana avoue avoir écrit «De la poudre aux yeux» par-dessus le communiqué de la direction, qu'elle a affiché bien en vue.

Ses patrons n'ont pas apprécié sa façon de faire. «On m'a dit que j'avais manqué à mon devoir de loyauté», raconte-t-elle.

La direction de l'Institut n'était pas en mesure de commenter le dossier personnel d'une employée, hier, mais la chef des communications, Sylvie Audet, assure qu'il «est clair que la direction générale reconnaît le droit aux employés et à leurs représentants de s'exprimer dans la mesure où cela est fait dans le respect». Si quelqu'un est suspendu, c'est qu'il y a des motifs sérieux, souligne-t-elle.

«Lorsque la direction se voit contrainte de prendre des mesures à l'égard d'un employé, celles-ci sont inévitablement liées à un geste ou une action répréhensible à l'Institut», souligne-t-elle.