La controverse sur la sécurité du tunnel ferroviaire du mont Royal, qui ne répond à aucune norme anti-incendie, a rebondi à la Chambre des communes, lundi.

L'Agence métropolitaine de transport (AMT) veut faire passer de nouveaux trains de banlieue et des locomotives remplies de diesel dans ce tunnel vieux d'un siècle, long de 5 kilomètres et dépourvu d'issues de secours, d'amenées d'eau et de ventilation mécanique.

L'AMT relève du ministre des Transports du Québec. Mais Transport Canada doit donner son autorisation à ce projet, car le tunnel et les voies ferrées appartiennent au Canadien National, qui se trouve sous juridiction fédérale.

«Le tunnel du mont Royal inquiète les Montréalais, a déclaré le député néo-démocrate Jamie Nicholls (Vaudreuil-Soulanges), à la Chambre des communes. Deux rapports démontrent qu'il ne respecte pas les normes anti-incendie... Est-ce que le gouvernement considère qu'il est sûr?»

Steven Fletcher, ministre d'État aux Transports, a dit que son gouvernement travaillait avec ses partenaires pour assurer la sécurité des installations sous juridiction fédérale. Selon lui, le tunnel du mont Royal est bel et bien sûr.

«Le gouvernement ne doit pas éviter ses responsabilités, a rétorqué M. Nicholls. Le fait est que le permis pour utiliser le tunnel est délivré par Transport Canada [...] À New York, des centaines de millions de dollars ont été investis pour rendre les tunnels plus sûrs. Est-ce que le gouvernement attend un incendie ou un désastre avant de faire quelque chose?»

«Il est très décevant qu'un député du NPD suggère que le gouvernement ne prend pas au sérieux les questions de sécurité, a répondu M. Fletcher. Il est vraiment malheureux de voir le NPD soulever hypocritement cette question, étant donné qu'il a voté contre le gouvernement chaque fois que nous avons tenté d'agir.»

Dans un communiqué, M. Nicholls réclame que le gouvernement s'engage à ce que Transport Canada ne remette pas de permis pour autoriser l'AMT à utiliser ses locomotives bimodes dans le tunnel tant que celui-ci n'aura pas été mis aux normes.

En 1946, quatre travailleurs sont morts et six autres ont été blessés dans le tunnel du mont Royal à la suite d'un incendie, a rappelé M. Nicholls dans un communiqué. Les réservoirs des nouvelles locomotives de l'AMT pourront contenir jusqu'à 6800 litres de diesel, a-t-il souligné.

Denis Allard, président du Fonds mondial du patrimoine ferroviaire, met en doute la compétence du président de l'AMT, Joël Gauthier. Ce dernier, ancien directeur général du Parti libéral du Québec, a été nommé à la tête de cet organisme en 2003, quelques mois après l'arrivée au pouvoir des libéraux de Jean Charest.

«La légèreté avec laquelle le redressement des mesures de sécurité dans le tunnel du mont Royal a été géré confirme qu'il y a un problème d'incompétence à l'AMT», écrit M. Allard, dans une lettre publique remise à La Presse lundi.

«Ce dont les Québécois ont le plus besoin à la tête de l'AMT, ce n'est pas d'un directeur de campagne électorale, mais d'un véritable expert en matériel roulant et en infrastructures ferroviaires... Avec un achalandage anticipé de 14 millions de passagers par année, c'est évident que le niveau actuel de sécurité est insuffisant.»

Au cours d'une assemblée publique de l'AMT à Deux-Montagnes, hier soir, Joël Gauthier a dit que les locomotives bimodes allaient traverser le tunnel du mont Royal dès le printemps. Elles tireront des voitures de deux étages sur la ligne de Deux-Montagnes, qui est électrifiée.

M. Gauthier a répété que le tunnel ne posait pas de problèmes de sécurité. Malgré tout, l'AMT va installer de grands ventilateurs de part et d'autre du tunnel pour chasser la fumée en cas d'incendie.