La Ville de Montréal est prête à demander une loi spéciale au gouvernement si les syndicats n'acceptent pas de revoir à la baisse leurs régimes de retraite, a fait savoir Michael Applebaum, président du comité exécutif.

Le bras droit du maire Gérald Tremblay a lancé cet avertissement à la sortie d'une séance de la Commission des finances qui étudie le budget 2012. Durant une longue présentation, des fonctionnaires ont expliqué que la crise économique de 2008 continue à miner le budget de la métropole. Le coût des régimes de retraite a en effet augmenté de 29% en 2011, ce qui coûtera à la métropole 578,9 millions l'an prochain.

C'est davantage que les 540 millions prévus en juin dernier lorsque le maire Gérald Tremblay a annoncé qu'il lançait une ronde de négociations avec les syndicats pour réduire le coût des régimes de retraite. Michael Applebaum a indiqué jeudi que ces discussions progressaient bien avec certains groupes d'employés, mais que d'autres s'y refusaient catégoriquement. «Ça va prendre une loi spéciale si les syndicats ne sont pas prêts à négocier et à arriver à une entente en 2012», a-t-il prévenu.

Rappelons que Montréal veut revoir le partage du coût des régimes de retraite. La Ville voudrait les partager de façon égale, alors qu'elle paie actuellement 70% de la note. L'administration souhaite aussi repousser l'âge de la retraite.

Devant la Commission des finances, le directeur du capital humain, Jean-Yves Hinse, a reconnu son impuissance à redresser rapidement la situation. Celui-ci a souligné que les corps policiers et pompiers peuvent facilement refuser de revoir leurs conditions et que l'arbitrage prévu par la loi risque grandement de les favoriser. Or, 40% des coûts des régimes de retraite proviennent des seuls pompiers et policiers.

La hausse du coût des régimes de retraite représente la principale cause de la hausse des dépenses de la Ville. Cette dépense est passée de 450,1 millions en 2011 à 578,9 millions en 2012. Cette augmentation s'explique par les rendements inférieurs aux prévisions, voire les pertes dans certains cas, des caisses de retraite depuis le début de l'année.

Pour amortir le choc sur les avis d'imposition, Montréal se prévaudra de nouveau des mesures mises en place par le gouvernement au lendemain de la crise économique de 2008. La Ville évitera ainsi de refiler pour l'instant à ses citoyens une facture équivalant à une hausse de 4% de l'avis d'imposition.

L'administration de Montréal n'est pas la seule à demander l'intervention du gouvernement, toutes les grandes villes réclamant une solution, a souligné M. Applebaum. Les régimes de retraite vivent une véritable crise depuis la débâcle financière de 2008. En plus d'avoir vu leurs caisses fondre comme neige au soleil, les villes doivent composer avec des retraités vivant de plus en plus longtemps. Montréal compte aujourd'hui à sa charge autant de retraités que d'employés.

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COÛTS DES RÉGIMES DE RETRAITE

> 2008: 198,3 millions

> 2009: 224 millions

> 2010: 347,7 millions

> 2011: 450,1 millions

> 2012: 578,9 millions