À deux mois du dépôt de son budget 2012, l'administration Tremblay prévoit déjà devoir augmenter les taxes foncières d'au moins 2,5%. Cette hausse ne tient pas compte des investissements nécessaires pour rénover le réseau souterrain de distribution d'eau, ce qui risque de faire gonfler la note de 1,2% supplémentaire, a reconnu Michael Applebaum, président du comité exécutif.

L'administration municipale a présenté ses orientations budgétaires, mercredi. Selon les prévisions, le budget de la Ville de Montréal continuera à augmenter plus rapidement que l'inflation en 2012. Celui-ci devrait se chiffrer à 4,8 milliards, en hausse de 5%.

Malgré cette hausse des dépenses, Michael Applebaum a promis de «limiter la hausse des taxes foncières à l'inflation, soit 2,5%». Il y a toutefois un «mais» majeur: «Cette hausse exclut les investissements dans l'eau», a précisé le président du comité exécutif.

Au début du mois d'octobre, le directeur du Service de l'eau de Montréal, Réjean Lévesque, prévoyait déjà avoir besoin en 2012 d'une augmentation importante des investissements dans le réseau souterrain qui fuit à un rythme alarmant. Il avait évalué à 1,2% la hausse de taxe nécessaire pour ce seul poste budgétaire.

En conférence de presse, Michael Applebaum a reconnu que «si M. Lévesque vient et dit que c'est important qu'on continue à investir parce qu'il y a des fuites d'eau et un danger pour la population, alors, on va prendre une décision». Le directeur du Service de l'eau doit être entendu demain matin par la Commission sur les finances qui prépare actuellement le budget.

Questionné sur un éventuel gel des taxes foncières, Michael Applebaum a pouffé de rire. «Ce n'est pas possible. Pendant quelques années, la Ville a gelé les taxes foncières et nous travaillons pour rattraper ce retard. Il faut comprendre que nos dépenses augmentent constamment: régime de retraite, masse salariale, carburants, chauffage. Si nous n'augmentons pas nos taxes en suivant l'inflation, c'est clair que nous devrons réduire nos services.»

En 2010, l'avis d'imposition moyen a augmenté de 4,3%. Considéré seul, l'impôt foncier a augmenté de 2,5%. La Ville a toutefois dû augmenter ses investissements dans l'eau, ce qui s'est traduit par une hausse de 1,2%. De plus, Montréal a introduit une taxe sur la voirie, portant la hausse globale à 4,3%. En plus de cette augmentation, la Ville a introduit une taxe d'agglomération de 45$ sur l'immatriculation de chaque véhicule.

Les deux partis de l'opposition refusent de voir la hausse des taxes foncières dépasser le seuil des 2,5%. «À 2,5% c'est acceptable, mais si on ajoute une taxe sur l'eau et ça monte à 4%, ça devient inacceptable», a réagi Peter McQueen, conseiller de Projet Montréal. Celui-ci préférerait voir l'administration miser sur des péages ou des taxes sur les voitures et le stationnement dans l'ensemble de la région de la métropole.

Vision Montréal a dénoncé pour sa part la hausse rapide des dépenses de la Ville. «Une augmentation des dépenses de 5%, année après année, alors qu'on ne veut pas augmenter les taxes de plus de 2%, c'est ce qu'on appelle une contradiction», a dénoncé le critique des finances de l'opposition officielle, Pierre Lampron.

Freiner la hausse des dépenses de la Ville est difficile, a reconnu Michael Applebaum. «Allons-nous à un rythme qui me satisfait? Non. Mais il faut comprendre que, avec la complexité de Montréal, ça prend du temps, mais nous allons dans la bonne direction.»