Le populaire DJ MC Mario et ses partenaires ne sont plus maîtres de leur chic boîte de nuit de la rue de la Montagne, où le sang coule régulièrement, où des groupes criminels sèment la pagaille et où un promoteur corrompu aurait mis en place un système payant pour faire entrer les mineurs, croit la police.

La Presse a appris que la Régie des alcools, des courses et des jeux a convoqué une audience à la demande des policiers dans le dossier du Club 1234, propriété des hommes d'affaires Giovanni Setaro et Jean Faille ainsi que de l'ancien DJ des matchs du Canadien de Montréal, Mario Tremblay.

Le bar demeure une destination prisée des noctambules. Son succès n'est pas étranger à la popularité du DJ, avec ses 3 millions d'albums vendus et son émission de radio à Virgin 95,9 FM, classée au premier rang dans les sondages.

Mais selon un rapport de la police de Montréal, l'endroit est devenu un problème de sécurité publique dans les dernières années en raison de la violence qui y sévit de façon récurrente, de la présence de gangs de rue et, de manière générale, de la «perte de contrôle de l'établissement».

À coups de chaise et de revolver

De 2005 à 2010, la police y a dénombré plus de 40 incidents violents: portiers frappés à coups de couteau ou de coup-de-poing américain, clients battus par les portiers, bagarres à coups de verres, de bouteilles et de chaises impliquant jusqu'à 50 personnes à la fois.

Un client y a été atteint de deux coups de feu au cours d'un affrontement entre gangs de rue. Un autre est tombé du deuxième étage. Un gangster en possession d'un pistolet chargé a été arrêté devant le bar après une bagarre. Deux coups de feu ont aussi été tirés devant l'établissement en octobre 2007. Une douille de 9 mm avait été trouvée près de l'entrée.

Des policiers qui intervenaient au Club 1234 ont été encerclés, se sont fait agresser, mordre, lancer des projectiles et battre à coups de pied, selon le SPVM.

Un ex-gérant de l'endroit aurait par ailleurs frayé avec le crime organisé. Au cours d'une rencontre avec des policiers au bar, il se serait excusé de porter un t-shirt aux couleurs des Hells Angels Nomads de l'Ontario, en expliquant qu'il revenait tout juste d'une soirée avec les motards.

La présence récurrente de mineurs dans cet environnement inquiète aussi la police.

Au cours d'une visite en 2006, les agents ont vu plusieurs adolescentes s'échapper par la porte arrière. Des membres d'un gang étaient présents, une odeur de marijuana flottait sur la piste de danse et un portier fumait un joint. Une autre visite la même année a permis de découvrir de 100 à 150 mineurs de 16 ou 17 ans. En mars 2009, un mineur aurait même été roué de coups par un portier.

Surplus pour mineurs

Quelques mois plus tôt, la police avait produit un rapport sur un stratagème mis en place pour faire entrer illégalement des adolescents.

«Plusieurs mineurs se plaindraient du fait qu'ils doivent maintenant payer un surplus pour entrer à l'établissement et, incapables d'y entrer via les portiers, ils le feraient via un promoteur qui est le fils mineur de (censuré)» lit-on dans le résumé produit par la Régie.

Les dirigeants du bar n'ont pas souhaité commenter le rapport de la police avant l'audience, prévue au mois d'octobre.

Comme le recensement de la police s'arrête en janvier 2010, ce sera à ce moment que les propriétaires pourront dire s'ils ont réglé le problème depuis.