La controverse a d'abord fait rage sur le sens dans lequel devaient circuler les autobus à contresens ou non? Puis, il a fallu régler l'épineux problème de savoir si la porte d'embarquement devait se trouver sur le flanc gauche des autobus ou sur leur flanc droit. Aujourd'hui, les bus express qui rouleront peut-être un jour sur le boulevard Pie-IX, dans l'est de Montréal, se heurtent aux arbres du Jardin botanique.

Selon les plans d'aménagement du Service rapide par bus (SRB), près de 400 arbres matures pourraient être abattus le long de cette artère majeure, et des dizaines de propriétés pourraient être amputées de 1 m de terrain. C'est ce que soutiennent les maires de trois arrondissements touchés par ce projet de 300millions de dollars, auquel ils réclament des changements majeurs.

Les maires Réal Ménard (Mercier Hochelaga-Maisonneuve), François Croteau (Rosemont La Petite-Patrie) et Anie Samson (Villeray Saint-Michel Parc-Extension), estiment que l'avant-projet soumis en novembre 2010 par la Ville de Montréal et l'Agence métropolitaine de transport (AMT) entraînera des conséquences fâcheuses sur la qualité de vie de leurs commettants.

Tout en précisant que son arrondissement demeure favorable au projet, Réal Ménard insiste pour que les autobus express circulent au centre du boulevard Pie-IX plutôt qu'en rive, où ils pourraient mettre en péril la sécurité de cinq couloirs scolaires, où circulent chaque jour des centaines d'enfants.

François Croteau estime pour sa part qu'au moins 50 arbres matures devront être abattus pour permettre d'élargir le boulevard, dont plusieurs dizaines en bordure du Jardin botanique.

Quant à Anie Samson, elle affirme que le concept proposé entraînerait la disparition, du côté ouest du boulevard, d'environ 300 arbres qui font actuellement écran entre un secteur industriel et le reste du quartier, au nord de la rue Jarry.

Retards

Les griefs de ces trois arrondissements retardent depuis des mois la mise en place d'un service d'autobus express sur cette artère à six voies, l'une des plus importantes de l'est de Montréal, où il semble impossible, depuis près de 10ans, de s'entendre sur la bonne façon de faire circuler des bus.

En 2009, après des années de disputes stériles, l'Agence métropolitaine de transport (AMT), le ministère des Transports du Québec (MTQ), la Société de transport de Montréal (STM) et la Ville de Montréal se sont finalement entendus sur un concept le Service rapide par bus (SRB).

Le MTQ finance 75 % des coûts d'infrastructures, et l'AMT est maître d'oeuvre du projet. La nécessité d'un tel service fait l'unanimité. Mais ce sont les exigences de la Ville de Montréal sur l'aménagement autour du couloir d'autobus qui suscitent les plus vives réactions dans trois des quatre arrondissements montréalais qu'il traversera.

Terrains amputés

«Afin d'élargir ses trottoirs, en particulier du côté est du boulevard, la Ville va occuper presque toute son emprise, qui s'étend sur environ deux mètres à partir de la ligne de trottoir, assure le maire Croteau. Des dizaines de résidants ont aménagé leur terrain jusqu'aux limites de la propriété municipale, comme le font la plupart des gens. On va les amputer de trois ou quatre pieds de façade. Dans plusieurs cas, ils n'auraient plus accès à leur cour ou à leur garage.»

Même si les effets sur les résidants de son arrondissement seraient moins directs, la mairesse Anie Samson croit que le projet devrait s'inscrire dans une logique d'amélioration des milieux de vie plutôt que de proposer l'abattage de centaines d'arbres pour faire place à du béton.

Du côté de la Ville, l'attachée de presse de Michel Bissonnette, responsable des transports au comité exécutif de Montréal, a affirmé hier à La Presse que les discussions se poursuivent sur des aspects techniques de l'intégration du projet dans les arrondissements.

Les trois maires d'arrondissement l'ont toutefois contredite sur ce point.