Le ministère des Transports du Québec a décidé d'installer des piliers sous toutes les poutres du tunnel Viger en direction est, où une poutre est tombée dimanche. De surcroît, toutes les poutres seront ancrées, alors qu'elles ne l'étaient pas jusqu'à maintenant.

Il s'agit là de mesures de sécurité supplémentaires, a affirmé le ministre Sam Hamad au cours d'une conférence de presse, hier. Pourquoi toutes ces mesures si le MTQ croit que les poutres sont stables? Le ministre a dit qu'il devait tenir compte de l'effondrement, qui n'a heureusement fait aucune victime.

«On ne peut pas faire fi de ce qui est arrivé, a renchéri la sous-ministre Anne-Marie Leclerc. L'incident [de dimanche] nous a amenés à prendre une mesure de précaution additionnelle.»

Une certaine confusion régnait sur le nombre exact de piliers, que le MTQ appelle «étais» parce qu'il s'agirait de structures temporaires. Au départ, il y avait 21 poutres dans ce secteur l'une est tombée, et une autre a été enlevée, a dit un porte-parole.

Une porte-parole a dit que des piliers étaient installés sous les 19 poutres restantes, la plupart sur le côté nord, et quelques-uns sur le côté sud. Par ailleurs, toutes les poutres sont ancrées au mur de soutien sur le côté sud.

M.Hamad n'a pas exclu le retrait pur et simple de toutes les poutres et de leurs paralumes, de lourds écrans qui permettent aux automobilistes d'habituer leurs yeux à l'obscurité du tunnel. Toutefois, cela ne se fera pas à court terme. Le ministre veut d'abord ouvrir le tunnel à la circulation de façon sécuritaire. Il croit que les automobilistes pourront l'emprunter dès lundi, au retour des vacances de la construction.

Recommandation

Hier, La Presse a révélé que, avant l'effondrement, le MTQ n'avait pas consolidé les assises de certaines poutres, malgré la recommandation en ce sens d'un rapport d'inspection daté de 2008.

M.Hamad n'a pas nié cette information, mais il a dit que cette recommandation n'était pas prioritaire. Le rapport d'inspection recommandait huit mesures de «sécurisation» à appliquer pour que l'état du tunnel soit jugé acceptable, et la réparation des assises n'en faisait pas partie, a-t-il dit.

Pourtant, la fragilité des assises a contribué à l'effondrement de la poutre no 2, dimanche, affirment les dirigeants de Laco Construction, entreprise qui faisait alors des travaux dans le tunnel.

À l'annexe A, le rapport d'inspection recommande la «réparation/modification de bloc d'assise» et la «réparation/remise en position d'appareil d'appui». Ailleurs, le rapport recommande plus précisément de «corriger les assises sud des poutres nos 1 et 17». Cela n'a pas été fait. Après l'effondrement, le MTQ s'est empressé d'enlever la poutre no1 et d'étayer la colonne no 17.

Le ministre a souligné que c'est la poutre no 2 qui est tombée, et non les poutres nos 1 et17.

Dans une entrevue qu'il a accordée à La Presse, le président de la firme Laco, Luc La Haye, a reproché au ministre d'avoir émis l'hypothèse que les travaux réalisés par son entreprise aient pu contribuer à l'effondrement de la poutre. M.Hamad a rétorqué, hier, qu'il n'avait pas montré cette firme du doigt. Toutefois, il ne fait pas de doute selon lui qu'il y a un lien entre les travaux et l'incident.

«L'effondrement de la poutre était lié aux travaux en place, a-t-il dit. Cela comprend l'ingénierie, la surveillance des travaux et les travaux comme tels réalisés par l'entrepreneur. Nous avons demandé à des experts de trouver la cause exacte.»