Chaque jour de l'été, 45 Canadiens sont victimes d'un accident en pratiquant un sport ou une activité. Parmi toutes ces activités, c'est le vélo qui cause le plus de blessures, alors que la moitié des hospitalisations liées aux activités sont associées au cyclisme, selon un rapport publié hier par l'Institut canadien d'information sur la santé (ICIS).

La chef de section du registre des traumatismes à l'ICIS, Patricia Sidhom, reste tout de même optimiste. «Le nombre d'accidents à vélo est resté stable depuis 2001, mais les traumatismes crâniens ont diminué. Donc, on voit que le port du casque a des effets positifs», analyse-t-elle.

En effet, le nombre d'accidents de vélo avoisine les 4300 cas annuellement au Canada depuis 2001, alors que le nombre de traumatismes crâniens liés au cyclisme est passé de 907 cas à 665.

Le directeur de la recherche à Vélo-Québec, Marc Jolicoeur, ajoute qu'alors que le nombre d'accidents reste stable, le nombre de cyclistes, lui, augmente. En 2010, on comptait 4 millions de cyclistes au Québec, contre 1,6 million en 2000.

«Des études ont démontré que, plus il y a des cyclistes, moins il y a d'accidents. Les cyclistes deviennent plus visibles et on prend plus de précautions», résume M. Jolicoeur.

Selon le chef des urgences au Centre universitaire de santé McGill, le Dr Jean-Marc Troquet, les blessures les plus fréquentes en vélo sont musculo-squelettiques, comme les abrasions, les entorses et les fractures. «La plupart ne sont pas graves, dit-il. Mais il y a des cas de polytraumatisés.»

Selon l'ICIS, 78% des personnes hospitalisées à la suite d'un traumatisme crânien ne portaient pas de casque au moment de l'accident. Le Dr Troquet souligne que le casque offre une bonne protection, mais uniquement contre les collisions à faible impact. «Il n'y a pas de protection absolue», dit-il.

M. Jolicoeur confirme que les études sur le port du casque présentent des conclusions divergentes. «La meilleure solution pour la sécurité des cyclistes est d'assurer un environnement sécuritaire», dit-il.

Traînée sur quelques mètres

Arrivée depuis à peine quatre mois au pays, la Française Marine Galipeau croit que, même si le nombre d'accidents à vélo reste stable, les Québécois doivent encore améliorer la cohabitation vélo-auto.

Le 8 juillet, Mme Galipeau a été traînée sur quelques mètres par un conducteur qui a fauché son vélo sur le boulevard de l'Acadie et elle s'en est sortie avec plusieurs hématomes. Elle est maintenant incapable d'utiliser sa main gauche et réapprend à utiliser son pied gauche. Elle souffre également d'un violent choc post-traumatique. «Mon accident aurait pu être évité. Le conducteur était stationné sur un passage piéton. Il a regardé à gauche avant de tourner, mais il n'a pas regardé à droite. Moi, j'étais là, dit-elle. Il a accéléré très vite. Si des piétons n'avaient pas crié, il m'aurait tuée.»

Mme Galipeau estime que le comportement des automobilistes de Montréal devrait être amélioré. «En France, quand un vélo ou un piéton s'engage quelque part, les voitures s'arrêtent pour le laisser passer. Pas ici», note-t-elle. Certains cyclistes beaucoup trop téméraires devraient aussi revoir leur comportement, selon Mme Galipeau.

Chez Vélo Québec, on explique que très peu de données existent sur les comportements dangereux des cyclistes. De 2009 à 2010, le nombre de contraventions remises par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) à des cyclistes a augmenté de 33%. «Mais c'est peut être dû seulement à des directives administratives», note M. Jolicoeur.

«Chose certaine, il faut plus de vigilance. Parce que chaque accident est un accident de trop», conclut Mme Galipeau.

Responsable du dossier de la sécurité à vélo au SPVM, Nathalie Valois explique que depuis 2008, les policiers compilent les causes d'accidents impliquant des bicyclettes. «On avait beaucoup de plaintes sur la mauvaise cohabitation cyclistes-automobilistes. En analysant les causes d'accidents, on s'est rendu compte que la responsabilité revient aussi souvent aux cyclistes qu'aux automobilistes», dit-elle.

C'est pourquoi la campagne se sensibilisation du SPVM cette année a été baptisée «Kif-kif».

Type de blessures / Nombre de victimes

/ 2008 / 2009 / 2010

Mortelles / 2 / 3 / 4

Graves / 34 / 40 / 26

Légères / 663 / 693 / 711

TOTAL / 699 / 736 / 741

Source : Site internet du SPVM