Après avoir interrompu pendant deux ans l'opération sabot de Denver, Montréal l'a reprise au grand galop. Selon des chiffres obtenus par La Presse, 1127 sabots ont été posés en quatre mois sur les voitures des mauvais payeurs montréalais, ce qui laisse présager une année faste pour la Ville.

Depuis que l'opération a repris, en mars dernier, 282 voitures ont été entravées, en moyenne, chaque mois. À ce rythme, les huissiers au service de la Ville auront installé 3380 sabots en un an. Il s'agit d'une hausse de 35% par rapport à 2008, dernière année avant que Montréal suspende l'opération, jugée peu rentable.

Plusieurs facteurs expliquent la multiplication des sabots. Un grand nombre de dossiers s'étaient accumulés entre février 2009 et février 2011, période durant laquelle l'opération avait été suspendue. Un huissier a ainsi posé à lui seul 100 sabots en deux semaines à la reprise des opérations, le printemps dernier.

Les huissiers sous-traitants de la Ville sont aussi mieux outillés qu'avant. Au moins une des quatre firmes autorisées à poser des sabots est équipée d'un système de reconnaissance des plaques d'immatriculation, le même dont sont équipées depuis peu 30 voitures de patrouille de la police de Montréal.

Ce dispositif permet notamment de lire 1500 plaques d'immatriculation à la minute. Il facilite le travail des huissiers, qui peuvent plus rapidement retrouver les voitures inscrites à leur dossier.

Moins cher que la police

La Ville a décidé en 2009 de suspendre l'opération sabots de Denver pour des raisons d'économie. L'administration Tremblay cherchait à retrancher un total de 100 millions de dollars de son budget, mis à mal par la crise économique. La cour municipale, qui embauche des huissiers pour percevoir les amendes impayées, devait réduire ses dépenses de 1,5 million.

Les huissiers avaient contesté les prétentions de la Ville, qui à leur avis perdrait davantage d'argent en remisant les sabots de Denver. Selon eux, l'administration municipale peut gagner 1 million par année grâce à la pose de sabots.

La Ville s'est finalement ravisée et a lancé un appel d'offres en octobre dernier pour trouver quatre firmes d'huissiers aptes à relancer l'opération sabots de Denver. Sélectionnées en décembre, les quatre firmes se partageront un contrat de 9 210 000 $ en cinq ans.

Montréal espère rentabiliser ce contrat grâce aux amendes perçues, mais la Ville n'était toutefois pas en mesure de dire hier quelle est sa cible.

Lorsqu'un automobiliste a une ou plusieurs contraventions en souffrance, la Ville lui envoie d'abord des avis de rappel. Si l'automobiliste ne régularise pas sa situation, la Ville demande à la Société de l'assurance automobile du Québec de suspendre son permis de conduire. Les huissiers entrent en scène en dernier recours, en immobilisant la voiture du fautif.

Selon un huissier joint hier, il ne faut pas voir dans l'opération sabots de Denver une «opération punitive». Il estime qu'il est préférable qu'un automobiliste qui a perdu son permis voie sa voiture immobilisée par un sabot plutôt qu'interceptée par le SPVM.

«Un sabot de Denver coûte au maximum 450 $ avec tous les frais. Mais si la police vous arrête, c'est 800 $ pour conduite sans permis, 800 $ pour avoir circulé avec un véhicule non immatriculé et 30 jours d'entreposage pour le véhicule. C'est une petite fortune».

Sabots de Denver posés à Montréal

Mars: 202

Avril: 375

Mai: 303

Juin: 247