Alors que la banlieue nord voit enfin poindre la fin des embouteillages quotidiens sur la route 335, les citoyens, les groupes locaux et des élus de l'arrondissement d'Ahuntsic-Cartierville s'inquiètent du projet de prolongement de l'autoroute 19 et de ses impacts sur la circulation du pont Papineau-Leblanc, qui se déverse dans leurs rues.

Dans une déclaration commune publiée la semaine dernière, le Comité de veille du pont Papineau demande que les voies réservées aux autobus prévues dans le projet soient prolongées de la banlieue nord jusqu'à Montréal, et que des mesures soient mises en place pour empêcher les automobiles d'envahir les quartiers résidentiels du nord de Montréal.

Cette déclaration est signée notamment par Étienne Brunet et Jocelyn Ann Campbell (élus municipaux), Maria Mourani (députée fédérale d'Ahuntsic), Lisette Lapointe (députée provinciale de Crémazie) et Diane de Courcy (présidente de la Commission scolaire de Montréal et commissaire du quartier).

Le texte a été publié la semaine dernière à l'occasion des journées de «collecte des préoccupations sociales» organisées par le ministère des Transports du Québec (MTQ).

«L'A19 traverse d'un bout à l'autre l'arrondissement d'Ahuntsic-Cartierville et ne devient l'avenue Papineau qu'au sud de l'autoroute Métropolitaine, explique la déclaration. Des intersections comme celle du boulevard Henri-Bourassa sont extrêmement dangereuses. Chaque jour, plus de 62 000 véhicules empruntent le pont Papineau-Leblanc et traversent des secteurs résidentiels où vivent plusieurs aînés et familles avec de jeunes enfants. Avec le parachèvement de l'autoroute 19, la situation actuelle deviendra encore plus inquiétante.»

Les signataires réclament ainsi que «les études d'avant-projet et d'impact sur l'environnement incluent les impacts sur les résidants d'Ahuntsic-Cartierville et sur l'ensemble de la circulation locale».

Décongestionner le Nord

Il y a un an, jour pour jour, le gouvernement du Québec a annoncé le début des études pour prolonger l'autoroute 19 d'environ 10 km entre l'autoroute 440, à Laval, et l'autoroute 640, qui traverse la couronne nord.

Depuis plusieurs années, des embouteillages majeurs surviennent chaque jour à partir du boulevard Dagenais, à Laval, où l'A19 se transforme en route provinciale secondaire, la route 335, qui n'a que deux voies.

C'est dans la municipalité de Bois-des-Filion, juste au nord de la rivière des Mille-Îles, que la circulation qui se dirige vers l'autoroute 640 s'embourbe le plus. Les débits de circulation s'élèvent jusqu'à 1700 véhicules à l'heure en période de pointe de fin de journée, au croisement de certaines artères locales.

Pour défaire ce «noeud», le MTQ transformerait la route 335 en autoroute à quatre voies, plus deux voies réservées aux autobus. Sa capacité serait presque multipliée par trois.

Le coût du projet est estimé à 320 millions de dollars. La mise en chantier est prévue pour 2014 et l'inauguration, en 2015.

Le bonheur des uns...

L'annonce de Québec a été accueillie avec enthousiasme et soulagement, après des années de revendications, dans la banlieue nord de la métropole. Une large coalition de villes, de commerces et de gens d'affaires, formée depuis 2006 par le maire de Bois-des-Filion, Paul Larocque, continue d'en faire activement la promotion.

À l'autre bout de l'autoroute 19, à la sortie du pont Papineau-Leblanc, dans l'arrondissement d'Ahuntsic, le projet a tout de suite suscité de vives inquiétudes. Un an plus tard, elles ne sont pas dissipées, dit Azzedine Achour, coordonnateur de Solidarité Ahuntsic, qui regroupe plus de 100 membres provenant des milieux communautaires, de la santé, de l'éducation et du monde municipal.

«Il y a déjà beaucoup de circulation automobile dans le quartier, autour du boulevard Henri-Bourassa notamment, affirme M. Achour. Cela inquiète de plus en plus les gens. Lorsque nous avons tenu une première assemblée publique, en novembre dernier, la plupart des gens ont demandé qu'on rejette le projet tout de suite.»

Dans l'attente du résultat des études du MTQ, l'attitude du comité sera moins tranchante, précise M. Achour, et plus encline au dialogue. Le Ministère, souligne-t-il, a pris l'initiative des séances d'information publiques alors que la conception du projet est encore en cours, et avant que les études d'impact sur l'environnement ne soient terminées.

«Il faut aussi penser à la population de Bois-des-Filion, qui vit un problème sérieux à cause de la congestion. Nous allons essayer d'établir un dialogue avec les gens de la banlieue. Il faut résoudre les problèmes de congestion, mais nous pensons qu'on devrait compter sur les transports collectifs plutôt que sur les automobiles pour y parvenir.»