Un fiasco à Melbourne, un triomphe à Washington. Le système de vélo-partage mis au point par BIXI ne connaît pas que du succès l'étranger. Et les contribuables montréalais ont de quoi s'en préoccuper: c'est eux qui portent le risque de l'aventure.

Pour faire ses frais, BIXI aurait besoin de 50 000 abonnés dans la métropole. Il n'en compte que 40 000.

Pour maintenir le programme à flot, la Société de vélo en libre-service (SVLS), l'entreprise sans but lucratif qui l'exploite, doit vendre son concept à l'étranger.

L'an dernier, l'entreprise a récolté 47,5 millions grâce à ses activités à l'extérieur de Montréal. C'est ce qui lui a permis de boucler l'année avec un bénéfice de 1,5 million.

«C'est une activité très rentable de vendre le système à l'étranger, explique Michel Philibert, porte-parole de la SVLS. Pas seulement au niveau financier, mais aussi pour la recherche et le développement.»

Mais le BIXI connaît-il vraiment du succès à l'étranger?

«Dans l'ensemble, c'est très positif», dit M. Philibert.

Le flop de Melbourne a pourtant de quoi faire hésiter bien des acheteurs potentiels. Et les ratés du réseau à Londres ne font rien pour aider.

«BIXI a la réputation d'être très agressif dans ses ventes, confie un observateur de l'industrie. Ils ne sont pas très prudents lorsqu'ils répondent aux appels d'offres. Ils font leur soumission et s'arrangent pour régler les problèmes après.»

En revanche, l'entreprise dispose d'un atout de taille face à ses concurrents. Ses stations sont alimentées par des panneaux solaires. Les coûts d'implantation sont bas, car il n'est pas nécessaire d'excaver pour les relier à un réseau électrique conventionnel.

«Quand ils ont commercialisé leur système, c'était tout simplement le meilleur du point de vue de l'infrastructure, de l'informatique, du vélo, convient Nick Mason, du Bicycle Alliance of Minnesota. Tout le matériel avait été conçu, testé, et il avait fait ses preuves.»

BIXI est d'ailleurs l'une des rares entreprises dans l'industrie naissante du vélo-partage à avoir pris pied sur différents continents. Des entreprises comme Call-a-Bike en Allemagne et B-Cycle aux États-Unis sont populaires dans leur pays, mais n'ont pas encore exporté leur concept.

«BIXI est l'un des gros joueurs, affirme Paul DeMaio, responsable du programme Capital Bikeshare à Arlington, en Virginie. Ils sont très bons pour former des partenariats avec des entreprises locales.»

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Mauvaise presse à New York

La controverse qui a entouré la réorganisation de BIXI n'est pas passée inaperçue à l'étranger. Le New York Times a récemment fait état des problèmes financiers qui ont obligé la Ville de Montréal à prêter 37 millions à la SVLS et à garantir ses emprunts jusqu'à concurrence de 71 millions. BIXI se serait bien passé de cette mauvaise publicité, admet Michel Philibert, porte-parole de la SVLS. L'entreprise et son partenaire Alta sont l'un des deux consortiums finalistes pour la mise en place d'un système de vélo-partage à New York. «C'est certain que les débats qu'on a ici et les exagérations qu'on a vues dans les médias, ça ne nous aide pas, reconnaît M. Philibert. Ç'a créé un petit doute alors qu'il ne devrait pas y en avoir.»

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Retards à Boston

Deux ans après que les dirigeants de BIXI eurent annoncé un contrat avec Boston, BIXI ne roule toujours pas dans la ville des Bruins. Le «Hubway» n'entrera en service que le mois prochain. Après avoir accordé le contrat à la société mère de BIXI, la Ville a complètement revu le montage financier du projet. Elle a même dû lancer un nouvel appel d'offres après avoir négocié avec le gouvernement fédéral, que l'entreprise montréalaise a de nouveau remporté.

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Le rapport du vérificateur déposé aujourd'hui

On connaîtra aujourd'hui les conclusions de l'enquête du vérificateur général sur BIXI. Jacques Bergeron a déposé le fruit de son enquête au maire au cours des derniers jours, et celui-ci doit maintenant le déposer au conseil municipal.