La conception des voies de circulation à la jonction des autoroutes 440 Est et 25 Nord, à Laval, favorise les usagers du nouveau pont à péage de l'autoroute 25 au détriment de milliers d'usagers du réseau de la couronne nord qui, tous les après-midis, se retrouvent prisonniers d'embouteillages monstres en direction de Terrebonne et de Mascouche.

Le ministère des Transports du Québec (MTQ), qui a conçu l'échangeur où les véhicules de l'A-25 convergent vers l'A-440, reconnaît son erreur et promet de rendre publics «dans les jours qui viennent» les changements qu'il compte y apporter.

Alors que les quelques centaines d'usagers du pont à péage bénéficient d'un accès privilégié à l'autoroute 25 Nord, qui leur permet de contourner la congestion de l'autoroute 440 Est, des milliers d'automobilistes et d'usagers des transports en commun doivent endurer des temps d'attente deux fois plus longs pour rentrer chez eux, en fin d'après-midi. De l'aveu même du Ministère, le temps d'attente moyen pour s'extirper des embouteillages quotidiens qui s'étirent sur des kilomètres, jusqu'à l'autoroute 19, est passé de 20 à 25 minutes le mois dernier à 45 ou 50 minutes depuis l'ouverture du pont à péage.

L'examen de la configuration des voies dessinée par le MTQ explique facilement le phénomène. Il est même étonnant que, à sa vue, les spécialistes du MTQ n'aient pas prévu ce qui allait se produire. À quelques dizaines de mètres de l'endroit où l'A-440 Est devient l'A-25 Nord, une première zone de convergence force les automobilistes qui roulent dans les deux voies du centre à s'insérer dans une seule voie. C'est là que le bouchon de circulation prend naissance, dans les ralentissements nécessaires aux deux files de véhicules pour converger au centre de l'A-25 Nord.

Puis, quelques centaines de mètres plus loin, les deux voies rapides qui restent convergent également pour faire place aux véhicules qui arrivent par la gauche en provenance du pont à péage, sur une voie isolée qui contourne entièrement la zone de congestion pour s'insérer sans problème dans l'A-25 Nord.

Cette double convergence de voies sur une distance de quelques centaines de mètres à peine cause un refoulement qui se répercute jusqu'aux véhicules en provenance des autoroutes 19 et 15, pourtant à plusieurs kilomètres en amont.

«À quoi ont-ils pensé?»

Yves Désautels, chroniqueur de circulation à la radio de Radio-Canada, a noté dès l'ouverture du nouveau pont, le 21 mai dernier, une aggravation notable des embouteillages dans le secteur. «Je ne sais pas à quoi ils ont pensé, au Ministère, mais tout le trafic qui arrive par l'A-440 Est se trouve à passer de trois voies à une seule, sur une distance très courte, en direction de l'A-25 Nord.»

«Normalement, quand on ouvre un nouveau lien routier, on s'attend à un rééquilibrage de la circulation dans les différents secteurs, affirme Caroline Larose, porte-parole au MTQ. Ce qu'on remarque, actuellement, c'est que la bretelle qui arrive du pont de l'A-25 n'est pas alimentée à 100%. Alors le rééquilibrage des flux de circulation ne se fait pas comme nos modèles l'avaient prévu.»

Mme Larose précise que, dans la conception de ces voies, le Ministère a aussi eu à composer avec des contraintes de sécurité qui l'ont forcé à choisir entre une zone de convergence plus courte ou une bretelle d'accès beaucoup plus longue pour intégrer le trafic du pont de l'A-25, qui aurait forcé les automobilistes à faire des manoeuvres d'insertion dans une courbe.

«Nous avons privilégié la zone de convergence plus courte pour des raisons de sécurité, mais nous n'avions pas nécessairement évalué tous les impacts de ce choix sur la fluidité de la circulation», affirme la porte-parole.

Évelyne Rivard, résidante de Mascouche qui travaille à Laval, dit qu'elle essaie d'éviter complètement le secteur depuis l'ouverture du pont de l'A-25. Selon elle, les embouteillages à la jonction 440/25 ne sont que le plus visible et le plus sérieux des points de congestion apparus dans la couronne nord depuis un mois.

À l'heure de pointe du matin, quand elle se rend au travail, elle perd chaque jour de longues minutes sur l'A-25 Sud, où la circulation refoule à partir de la montée Masson. Son itinéraire habituel, qui nécessitait de 20 à 30 minutes selon le jour de la semaine, lui en prend désormais au moins 40 chaque matin -sans exception.

«Les retards sont peut-être moins importants vers Montréal depuis l'ouverture du pont de l'A-25, dit-elle. Mais on dirait que la congestion a remonté vers le nord.»

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DES VOIES RAPIDES... EN PRINCIPE

L'autoroute 40

Avec huit chantiers, dont six constituent une entrave « majeure » à la circulation, l'autoroute Métropolitaine est un cauchemar pour les automobilistes. Deux opérations en particulier, dans les échangeurs Anjou et des Laurentides, provoquent des embouteillages monstres. Fin des travaux : août prochain aux abords de la 25, et mars 2012 pour les accès à la 15.



L'autoroute 15

Sur une vingtaine de kilomètres, de l'autoroute 40 au pont Champlain, on trouve les plus grands chantiers autoroutiers du Québec en suivant l'autoroute 15. L'échangeur Turcot, qui sera reconstruit au coût de 3 milliards de dollars, est régulièrement fermé à la circulation et sera un casse-tête pour les automobilistes durant les sept prochaines années. La circulation sur le pont Champlain, déjà alourdie par des fermetures partielles le week-end, est directement touchée par les travaux au pont Mercier. Bref, un axe à éviter. Fin des travaux : décembre 2011 pour le pont Champlain, 2018 pour l'échangeur Turcot.

L'autoroute 440

L'autoroute Laval, surtout en direction est, est directement frappée par la reconfiguration des voies à l'approche du pont de la 25. La perte d'une voie provoque des embouteillages qui s'étendent sur plus de 8 km, jusqu'à l'autoroute 19, surtout en fin d'après-midi. Fin des travaux : ils sont malheureusement déjà terminés...

L'autoroute 720

Des travaux majeurs forcent la fermeture d'une voie sur deux de l'autoroute Ville-Marie jusqu'en décembre prochain.

L'autoroute 25

Le nouveau pont de la 25, relativement peu fréquenté, a clairement soulagé une partie du réseau et représente une solution plus rapide pour des milliers d'automobilistes. Seul hic : l'échangeur Marcel-Villeneuve, à l'intersection de la 440.