À la demande de l'Unité anticorruption, le Service de police de la Ville de Montréal fait l'objet de vérifications concernant ses relations avec des agences de sécurité privées.

«Ce mandat portera sur le processus relatif à l'attribution des contrats de services de sécurité pour le Service de police de la Ville de Montréal», dit une lettre que La Presse a obtenue.

L'Unité anticorruption a demandé au ministère des Affaires municipales de mener la vérification. Dans la lettre, adressée au directeur général de la Ville, Louis Roquet, et datée du 27 mai, le sous-ministre Marc Lacroix prévient la Ville de Montréal que son service de police sera bientôt sous la loupe de ses vérificateurs.

«Je vous prie de bien vouloir informer le maire et les autres membres du conseil des démarches engagées par le Ministère», écrit M. Lacroix.

Le comptable Bruno Delage, chargé de la vérification, pourra s'adjoindre les services d'autres vérificateurs, précise la lettre. «Nous comptons sur votre collaboration et sur celle de la Ville», note le sous-ministre.

Une porte-parole a confirmé hier à La Presse qu'une vérification est en cours, mais elle n'a pas voulu donner plus de détails. «La lettre sera déposée lundi à la séance du conseil municipal, a précisé Émilie Lord. On donnera davantage de détails à ce moment.»

BCIA

La surveillance des locaux de la police de Montréal a fait couler beaucoup d'encre l'année dernière. La défunte firme BCIA, par exemple, s'est acquittée de cette tâche pendant quatre ans, jusqu'à sa faillite, au printemps 2010. L'agence était notamment chargée d'assurer la sécurité au quartier général de la police, rue Saint-Urbain.

Le problème, c'est que les élus n'ont jamais entériné l'entente, comme le veut la règle, puisque le contrat ne leur a jamais été soumis.

L'ancien chef du SPVM, Yvan Delorme, a plus tard admis qu'il y avait eu des erreurs dans ce dossier. «Oui, on a continué le dossier sans aller au comité exécutif. On l'a admis, on a fait une erreur», a reconnu M. Delorme il y a un an.

Le 29 avril 2010, La Presse a révélé que BCIA remplissait des fonctions névralgiques au quartier général de la police et risquait la faillite. Le lendemain, M. Delorme a annoncé au chef de cabinet du maire qu'il quittait ses fonctions. M. Delorme a expliqué aux journalistes qu'il partait pour des raisons personnelles. Marc Parent l'a depuis remplacé à la tête du Service de police.

Le mois suivant, La Presse a aussi révélé qu'Yvan Delorme avait pris un repas dans un restaurant de la rue Crescent avec le patron de BCIA, Luigi Coretti, quelques mois avant sa nomination comme chef de police, en 2005. M. Delorme a toutefois toujours nié être proche de M. Coretti.

Le cas de BCIA était si curieux qu'il a même attiré l'attention du vérificateur général. Dans son rapport 2010, Jacques Bergeron note qu'il n'existait aucun contrat écrit entre l'agence de sécurité et le SPVM, mais seulement une «entente verbale».

La Ville de Montréal a été avare de commentaires, hier. Le responsable de la Sécurité publique au comité exécutif, Claude Trudel, en dira davantage lundi, à la séance du conseil municipal. «Il s'agit d'une vérification administrative», a toutefois précisé Martine Painchaud, porte-parole au comité exécutif.

Appels d'offres

Quand BCIA a fait faillite, un appel d'offres a été lancé. La firme Sécur-Action a obtenu le contrat, lequel lui a toutefois été retiré après des enquêtes de vérification du SPVM et de la SQ.

Depuis, c'est le groupe de sécurité BECQ qui surveille le quartier général. «L'entreprise a été jugée conforme et a passé les tests de vérification du SPVM», a dit un porte-parole du maire il y a quelques mois.

Un nouvel appel d'offres en bonne et due forme a été lancé au début de 2011. Aucun soumissionnaire n'a encore été choisi et le processus suit son cours.