Escortées par des voitures d'époque et vêtues d'habits des années 50, environ 150 personnes ont marché dans les rues du Plateau-Mont-Royal cet après-midi pour réclamer un échangeur Turcot «moins rétro». Déplorant la vision du gouvernement du Québec sur la reconstruction de l'échangeur, les manifestants ont demandé une infrastructure adaptée aux défis actuels.

«Vous réfléchissez comme si on était dans les années 50, a lancé le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, à l'intention du gouvernement. Pouvez-vous revoir le concept en réalisant qu'on n'est plus en 1950? On est en 2011. Ce n'est plus ce genre de projet qu'on fait ailleurs dans le monde.»

Organisée par la coalition Mobilisation Turcot, la marche a réuni plusieurs résidants de l'arrondissement du Sud-Ouest, où est érigé l'échangeur Turcot, des représentants de l'opposition à l'hôtel de ville de Montréal et des Montréalais qui, même s'ils ne demeurent pas à proximité de l'échangeur, se sentent interpellés par le projet. «Ça va nous concerner tous tout à l'heure, a souligné Réjean Séguin, un résidant de l'est de Montréal. Ce n'est pas seulement le Sud-Ouest. C'est le plus gros échangeur au Québec.»

Mobilisation Turcot demande que des modifications majeures soient apportées au projet de réaménagement de l'échangeur mis de l'avant par le ministère des Transports du Québec afin de faire une place plus grande au transport en commun et au développement durable. La coalition, dont fait partie le comité POPIR-Comité logement, réclame également une réduction du nombre d'expropriations. «Il y a des moyens de changer le plan de la MTQ, a fait valoir Micheline Girard, une résidante du Sud-Ouest. Mais, ils (le gouvernement) ne veulent rien entendre, ils ont les oreilles bouchées de béton. L'auto est beaucoup plus importante que les gens.»

La construction en remblais, plutôt qu'en tranchée comme le recommande le Bureau d'audiences publiques en environnement, a été vivement dénoncée par les citoyens et les élus présents qui craignent que le quartier soit scindé en deux. «C'est un mur de la honte qu'ils sont en train de préparer, a déploré la chef de Vision Montréal, Louise Harel, qui avait sorti ses longs gants, son chapeau et sa voilette noire pour l'occasion. C'est une barrière de 30 pieds de haut et d'un kilomètre de long qui sera érigée. Tous les Montréalais vont avoir honte de ça. Il faut se secouer.»

Les chefs des partis de l'opposition disent avoir encore espoir de se faire entendre par le ministère des Transports du Québec et par le maire Gérald Tremblay qui s'est rangé derrière le projet du MTQ. Ils sont toutefois conscients que le temps file. «Il reste environ une année avant le début des travaux, a souligné Richard Bergeron. Quand les travaux vont être commencés, ça va être difficile de revenir en arrière.»

«Nous n'avons pas le choix d'espérer qu'il vont avoir l'intelligence de comprendre, à partir de Québec, qu'un petit quartier populaire de Montréal, ça a aussi énormément de valeur et qu'il faut qu'ils travaillent pour le protéger», a affirmé le maire de l'arrondissement Plateau-Mont-Royal, Luc Ferrandez, qui s'est dit déçu que si peu de gens aient pris part à la marche. M. Ferrandez a par ailleurs été vivement critiqué au cours des derniers jours pour les mesures d'apaisement de la circulation mises en place dans son arrondissement. À ce sujet, M. Ferrandez a répété qu'il ne comptait pas revenir en arrière, mais que diverses façons d'atténuer les désagréments étaient envisagées, dont le réajustement des cycles des feux de circulation et la modification du sens de certaines rues.