Le Danois Mikael Colville-Andersen est devenu le pape du vélo urbain. Ses blogues font fureur et il se balade désormais autour du monde pour partager la bonne nouvelle. Mercredi, il donnera une conférence à la Grande Bibliothèque. Son message? Montréal peut devenir la Copenhague d'Amérique. Il suffit que les élus y croient.

Dans les années 80, Copenhague était une ville comme les autres, étouffée par les voitures. Alors que le pays était aux prises avec de graves problèmes énergétiques, les politiciens ont décidé d'agir. La solution? Redonner sa place au vélo, qui avait fait les beaux jours de la ville scandinave dans les années 50.

On connaît la suite. Aujourd'hui, 36% des déplacements s'y font à bicyclette - comparativement à environ 2% à Montréal. Copenhague est même considérée dans certains cercles comme LA capitale mondiale du vélo urbain, détrônant une Amsterdam quelque peu dépassée.

Ce qui s'est produit à Copenhague est simple: des politiciens ont cru au vélo. «Les gens ne se mettront pas à faire du vélo parce qu'on leur dit que c'est vert, que c'est bon pour la planète et pour la santé, explique Mikael Colville-Andersen. Les gens vont se mettre à faire du vélo si on leur donne les infrastructures adéquates, si ça prend moins de temps de se rendre du point A au point B en vélo qu'en voiture ou en autobus.»

«Les gens à Copenhague ne font pas du vélo pour sauver la planète, dit-il. Ils en font pour se rendre plus vite au café.»

Mikael Colville-Andersen est le blogueur le plus populaire de l'heure sur la planète vélo. Il ne s'intéresse pas au Tour de France et à ses cols enneigés. Lui, c'est le vélo urbain qui le passionne. Ce Copenhaguois d'adoption (il est natif de Calgary) est aujourd'hui considéré comme l'ambassadeur du vélo danois.

Il est l'instigateur de Cycle Chic, un blogue mode et vélo qui est né dans la capitale danoise en 2006. Le succès a été instantané. Maintenant, 36 villes ont leur Cycle Chic. Montréal aura le sien dès jeudi, car Vélo Québec s'est associé au blogueur pour lancer une version locale (www.montrealcyclechic.com).

Son deuxième blogue est moins ludique, plus militant que Cycle Chic. Sur Copenhagenize, Colville-Andersen fait jour après jour la promotion du vélo urbain et de la «méthode danoise»: il faut construire des infrastructures, des pistes cyclables, et tout faire pour contrer la culture de la peur qui entoure le vélo. Sur ce blogue, il mène entre autres une campagne acharnée contre les règlements qui rendent obligatoire le port du casque, comme celui que vient d'adopter la Ville de Sherbrooke.

«Le thème qui unit ces deux blogues? Le vélo est pratique, sécuritaire et sexy. Il faut arrêter d'en avoir peur. Aucune étude n'a démontré qu'il est plus dangereux de faire du vélo que de prendre le volant ou de marcher dans la rue.»

De passage à Montréal cette semaine, Colville-Andersen donnera une conférence gratuite mercredi à la Grande Bibliothèque, à l'invitation de Vélo Québec. «Dans ses conférences, Mikael aborde entre autres la question de la démocratisation du vélo, afin qu'il ne devienne pas élitiste mais plutôt quelque chose de facile à utiliser, d'accessible aux jeunes et moins jeunes, explique la directrice de Vélo Québec, Suzanne Lareau. Il défend l'idée, très répandue en Europe du Nord mais qui reste marginale en Amérique du Nord, qui veut qu'être cycliste soit aussi normal qu'être piéton ou automobiliste.»

Votre grand-mère à vélo

Mikael Colville-Andersen est venu chez nous l'an dernier. Il a été impressionné par la culture du vélo qui existe ici. «Montréal ne reçoit pas tout le crédit qui lui revient à l'étranger», déplore-t-il.

Même si BIXI lui a donné une certaine renommée, Montréal est trop souvent absent des palmarès de villes cyclables qu'on dresse sporadiquement. «Mais je pense que Montréal peut devenir le leader du vélo en Amérique du Nord. Montréal doit montrer la voie. Vous pourriez vraiment faire des choses incroyables.»

«Nous avons besoin d'une ville en Amérique du Nord qui dise «tant pis!» et qui fonce. Je ne pense pas que New York soit cette ville. Je pense que Montréal pourrait l'être.»

Quand il parle de foncer, Colville-Andersen pense surtout à la mise en place d'infrastructures pour les cyclistes. C'est ce qui frappe en premier les visiteurs à Copenhague: presque chaque rue a sa piste cyclable. Contrairement à Montréal, ce sont d'ailleurs de «vraies» pistes, séparées des voitures et des trottoirs.

Selon le blogueur, les villes nord-américaines ont encore beaucoup à faire en matière d'infrastructures. Car sans elles, croit-il, jamais les cyclistes ne se sentiront en sécurité. «En Amérique du Nord, le cycliste typique est un jeune homme qui n'a pas froid aux yeux, illustre-t-il. Mais si vous voulez que votre grand-mère circule à vélo, alors il faut d'excellentes infrastructures. Vous n'arriverez à rien sans elles.»

Conférence de Mikael Colville-Andersen, mercredi 1er juin, 10h30, à l'auditorium de la Grande Bibliothèque. Entrée libre.