En 1967, Montréal s'est doté d'un métro qui a façonné son développement. En 2017, pour son 375e anniversaire, la métropole mérite «un legs de même nature, aussi structurant pour les 50 prochaines années», propose le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron: le tramway.

«C'est un projet qui peut soulever l'intérêt et l'enthousiasme des Montréalais, a déclaré en point de presse cet après-midi le chef du parti de la deuxième opposition. C'est un très puissant attracteur, un vrai aspirateur de développement.»

Le projet de réseau de 37,5 km (un clin d'oeil au 375e anniversaire, évidemment) coûterait 1,5 milliard. Selon un projet bien étoffé déposé au comité exécutif de la Ville en mai 2010, lorsque M. Bergeron y siégeait à titre de responsable de l'urbanisme, l'axe principal longerait le boulevard René-Lévesque de Delorimier à Guy. Une autre ligne se rendrait de là à l'ancien hippodrome, et le segment le plus long relierait le Vieux-Port de Montréal au boulevard Henri-Bourassa, par le boulevard Saint-Laurent. L'occasion est belle, a souligné M. Bergeron, de donner un coup de pouce du même à la revitalisation de l'ancienne Main et au pôle Chabanel.

Mais pourquoi les Montréalais réticents à prendre l'autobus embarqueraient-ils dans un tramway? «Le tramway est extrêmement attrayant, répond M. Bergeron. Il est à mi-chemin entre le métro et l'autobus. Avant l'avènement des nouveaux tramways (en 1984 à Nantes, en France), on n'avait d'autre choix que d'y aller avec un métro quand on voulait prolonger le réseau, comme on l'a fait avec la ligne bleue. Le tramway, lui, est trois fois moins cher que le métro.»

Échéance quasi impossible

Le réseau serait essentiellement financé par le gouvernement du Québec et, si ce dernier se montre réticent, par la mise sur pied par la Ville d'un Fonds du transport collectif, financé par une taxe sur le stationnement et les contributions prévues des deux paliers de gouvernement pour le 375e anniversaire. Projet Montréal a par ailleurs déjà évoqué l'utilisation à cet effet de la moitié des trois milliards prévus pour la réfection de l'échangeur Turcot.

«Il faut s'empresser de le faire si on veut que ce soit prêt pour 2017, estime M. Bergeron. On ne se demande pas si c'est faisable ou «préfaisable»: une bonne centaine de villes dans le monde l'ont fait.» L'élu municipal reconnaît cependant que les échéances sont serrées, voire impossibles: pour être prêt en 2017, le chantier du tramway devrait être lancé dès l'automne prochain. «On est vraiment en retard à Montréal. Ça fait depuis 1988 qu'il n'y a pas d'investissement majeur en transport collectif.»

Faute d'un projet phare comme celui-là, le chef de Projet Montréal craint que les célébrations du 375e anniversaire ne soient qu'«une ribambelle de projets, de saupoudrage». Il rappelle que le maire Gérald Tremblay a lui-même manifesté un enthousiasme sans équivoque après avoir découvert en 2006 le tramway de Paris. Il avait alors évoqué dans les médias son désir de doter Montréal d'un moyen de transport collectif semblable.

«Cinq ans plus tard, on n'entend à peu près plus jamais parler de tramway à Montréal, affirme M. Bergeron. Le maire Labeaume en parle plus que Gérald Tremblay.»