L'attente risque d'être longue pour les voyageurs dans les aéroports canadiens. Les sociétés de sous-traitance qui emploient les agents de contrôle dans les aéroports ont été invitées à réduire leurs dépenses. Près d'un cinquième des effectifs a déjà disparu à l'aéroport Pierre-Eliott-Trudeau, a-t-on appris.

Du jamais vu. Lundi, les files d'attente pour passer les points de sécurité, à l'entrée des salles d'embarquement de l'aéroport de Montréal, ont atteint un niveau inédit. «Une heure et demie d'attente un lundi après-midi, on n'a jamais vu ça», a constaté une source syndicale proche de l'un des sous-traitants à l'aéroport de Montréal, Garda, une entreprise privée spécialisée dans la sécurité et l'enquête.

Sur les 675 employés de Garda déployés à l'aéroport, une centaine d'agents de contrôle ont été remerciés ou déplacés. «On a appris ça comme ça. On ne sait pas combien de postes vont être abolis», confie cette source syndicale. Le moral est bas parmi les troupes de Garda qui sentent peser au-dessus de leurs têtes une épée de Damoclès.

L'Administration canadienne de la sûreté du transport aérien (ACSTA), qui confie à la sous-traitance les agents de contrôle dans les aéroports du Canada, doit en effet composer avec un budget minceur: 1,5 milliard pour les cinq prochaines années, selon Transports Canada. «L'ACSTA, comme c'est le cas pour tous les ministères et toutes les sociétés d'État, a contrôlé ses dépenses en fonction de la conjoncture économique actuelle», fait savoir, par courriel Transports Canada.

Pressions budgétaires

«En effet, on fait face à des pressions budgétaires et on ne s'en cache pas. L'enveloppe allouée à l'ACSTA a connu une baisse pour les 5 prochaines années. Le budget ne couvre pas totalement le coût d'inflation et de croissance», dit Mathieu Larocque, porte-parole de l'ACSTA. Tout naturellement, l'ACSTA a diminué le nombre d'heures de travail confiées à ces sous-traitants. La situation n'est pas unique à Montréal et s'étend à l'ensemble des aéroports canadiens.

«Il y a eu une revue faite l'été dernier par le gouvernement et nous nous sommes engagés à nous assurer que les ressources qui sont allouées sont utilisées de la façon la plus efficace possible. On demande à nos sous-traitants de s'assurer que le service et la sécurité sont assurés, dans le cadre de nos ressources», poursuit-il.

Impossible de savoir dans quel volume les heures commandées à Garda ont diminué: ni l'ACSTA ni Garda ne souhaite confirmer le nombre de postes qui viennent de disparaître à l'aéroport. Toutefois, les employés craignent que ces compressions ne rallongent les heures d'attente aux points de contrôle, surtout à l'approche de la saison estivale et du Grand Prix, où le flot de voyageurs est à multiplier par trois ou quatre par rapport aux périodes normales. «Logiquement, la semaine prochaine, il va falloir compter trois heures d'attente au contrôle de sécurité pour les vols internationaux», calcule un employé.

L'ACSTA affirme cependant qu'une revue à la hausse des effectifs n'est pas impossible pour les périodes de pointe, dans la mesure où ses capacités budgétaires sont respectées. «L'impact va être minimal. Depuis le mois de février, on a mis en place certaines mesures qui ont augmenté le débit aux points de fouille. Cela nous permet de contrôler un plus grand nombre de passagers, et on croit que cela va permettre de réduire l'impact de ces coupes sur le temps d'attente», dit M. Larocque.