Les cônes orange pousseront dans 17 arrondissements de Montréal sur 19 cet été, alors que la Ville investira plus de 240 millions pour refaire ses avenues, rues, ponts, aqueducs et égouts en mauvais état.

Et des infrastructures «désuètes», Montréal en compte plus que son lot, précise Richard Deschamps, vice-président au comité exécutif. «Jusqu'en 2002, toutes les administrations ont investi insuffisamment, de sorte que nous nous retrouvons avec un retard considérable à rattraper. C'est une priorité absolue pour nous.»

Le conseiller municipal le reconnaît, les Montréalais risquent d'être passablement embêtés par les quelque 35 chantiers qui pousseront sur tout le territoire de la Ville d'ici novembre. «Une des remarques des citoyens, c'est qu'il y a beaucoup de travaux à Montréal et qu'on est confronté à des ralentissements importants. C'est pourquoi nous avons mis en place des mesures de mitigation importantes, informons les citoyens sur les horaires et les détours proposés, et les encourageons à utiliser le transport en commun.»

Des travaux pour 30 ans

Au total, ce sont plus de 130 millions qui seront consacrés à la voirie, notamment pour la réfection en profondeur de l'avenue du Parc, du boulevard Roi-René et de l'avenue des Pins. 31 km de chaussée et trottoirs seront refaits. Cinq ponts et tunnels seront retapés, dont le pont d'étagement entre le boulevard Henri-Bourassa et l'autoroute 40. Souvent aux mêmes endroits, on remettra à neuf les conduites d'eau, une dépense supplémentaire de 110 millions. Diverses autres mesures visant à améliorer la sécurité et la signalisation du réseau seront également entreprises (voir carte).

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On espère, explique M. Deschamps, que ces travaux vont «tenir plusieurs dizaines d'années». «Ce sont des travaux de fond. On cible des endroits où il y a des infrastructures à refaire et, pour ne pas revenir une deuxième fois, nous faisons tous les travaux en même temps.»

Depuis 2005, plus d'un milliard de dollars ont investis pour refaire 316 km de chaussée et rafistoler le réseau d'eau. Résultat: la production d'eau a baissé de 11%, signe que les fuites sont moins nombreuses.

Chicane sur Du Parc

Les grands chantiers, comme celui de l'avenue du Parc où s'est tenue ce matin la conférence de presse de M. Deschamps, ne font pas que des heureux. Selon le porte-parole des commerçants du secteur Jimmy Zoubris, de la Papeterie Zoubris, près de 20% de la clientèle a été perdue depuis le lancement des travaux, à l'été 2010.

«La Ville fait de son mieux, mais c'est dur. Les clients du quartier continuent de venir, ce sont ceux de l'extérieur qu'on perd. Ce que nous demandons, c'est que la Ville ne nous oublie pas après les travaux.»

Ce que demandent les commerçants, appuyés par le parti d'opposition Projet Montréal, qui contrôle l'arrondissement Plateau-Mont-Royal, c'est essentiellement de profiter d'une cure de rajeunissement comme celle qu'ont eue les boulevards Saint-Laurent et Chabanel. «On demande des bancs, des trottoirs plus large, des stands à vélo», explique M. Zoubris.

Le conseiller Alex Norris, élu dans le district Mile-End sous la bannière de Projet Montréal, affirme que l'administration Tremblay a opposé une fin de non-recevoir à cette demande. «Ils ont mis des millions dans Chabanel et Saint-Laurent. Est-ce politique? Veulent-ils punir la communauté autour de l'avenue du Parc parce qu'elle a appuyé Projet Montréal?»

Manifestement agacé par cette intrusion dans sa conférence de presse, M. Deschamps a invité M. Norris «à s'occuper d'abord de ses nids-de-poule, ce que manifestement il ne fait pas.» Il assure que le dossier de l'embellissement de l'avenue du Parc est «très suivi» et qu'aucune décision n'a encore été prise. «Je ne ferai pas une annonce sous la pression mais c'est totalement faux que le méchant central ne s'occupe pas du dossier.»