Les coûts élevés de la construction d'un nouveau pont «ne doivent pas devenir un enjeu» pour guider la décision du gouvernement quant à l'avenir du pont Champlain, affirme le porte-parole de la coalition Champlain en chantier, Jacques Olivier.

Dans une entrevue accordée à La Presse, l'ancien politicien fédéral a déclaré que la coalition «n'acceptera pas» que des arguments budgétaires soient invoqués pour retarder l'adoption d'un échéancier précis pour le remplacement du pont, qui est arrivé à la fin de sa vie utile.

M. Olivier réagissait aux données publiées cette semaine dans La Presse, selon lesquelles la construction d'un nouveau pont pourrait prendre de 8 à 10 ans et commander des investissements d'au moins 5 milliards de dollars, d'après une estimation tirée du Plan d'affaires 2011-2016 de la Société des ponts fédéraux.

Dans un document présenté en février dernier au ministre des Transports du Canada, cet organisme reprend les conclusions des deux rapports de la firme d'ingénierie Delcan, rendus publics en mars dernier, quant à l'état du pont actuel.

«Le pont Champlain et ses approches, précise le plan d'affaires, sont une source particulière d'inquiétudes en raison d'un état avancé de détérioration. Un rapport préliminaire, produit par une firme d'ingénierie indépendante, conclut que les défaillances, les risques et les coûts associés sont tels que le pont Champlain doit être remplacé, et que le processus de remplacement doit être enclenché le plus tôt possible.»

«Le cas est très clair, affirme M. Olivier. Ce n'est pas nous, de la coalition, qui disons que ce pont-là est fini. Ce ne sont pas les médias. Ce sont des ingénieurs, des fonctionnaires, des professionnels, qui disent tous que le pont est encore bon pour 10 ans, pas plus. Je ne pourrais pas accepter, quand il y a urgence d'agir pour la sécurité des citoyens et la sécurité économique de toute une région, qu'on vienne me parler de prix. Dans ma tête, ce n'est pas un argument.»

Formée en mars, après que La Presse eut rendu publiques les conclusions de la firme Delcan, la coalition Champlain en chantier: Quand? regroupe plusieurs dizaines de municipalités, d'associations de gens d'affaires et d'organismes régionaux qui réclament des engagements du gouvernement fédéral pour la construction d'un nouveau pont.

Nouveaux interlocuteurs

Le fait que le gouvernement majoritaire lundi dernier soit dirigé par le seul chef de parti qui ait refusé de promettre un tel projet durant la campagne électorale ne déstabilise pas M. Olivier.

La fin de la campagne électorale, assure-t-il, marque le début de la campagne de la coalition pour convaincre le gouvernement Harper de lancer sans délai le projet de remplacement.

En attendant la nomination du nouveau ministre fédéral des Transports, a affirmé M. Olivier, la coalition Champlain en chantier va joindre l'ensemble des nouveaux députés fédéraux de la région métropolitaine afin de les sensibiliser à l'importance du projet et de les inviter à se joindre au regroupement.

M. Olivier compte aussi nouer les liens avec le gouvernement du Québec, «notre allié naturel», pour savoir où et quand commenceront les activités du futur Bureau des partenaires.

En annonçant la création de ce bureau de projet provincial, il y a quelques semaines, le ministre des Transports du Québec, Sam Hamad, a promis d'associer les municipalités et des organismes régionaux aux travaux préparatoires relevant de sa compétence en vue de la construction d'un nouveau pont Champlain.