Le ministère des Transports du Québec devance la décision du gouvernement fédéral sur l'avenir du pont Champlain et va créer un «bureau des partenaires» pour coordonner ses actions avec la région métropolitaine, avant et pendant la construction d'un nouveau pont.

La Presse a appris que ce bureau aura pour mandat à la fois de planifier les travaux nécessaires à l'intégration d'une nouvelle infrastructure, de produire un plan de mesures transitoires pendant la construction, et de développer une série de mesures d'urgence si les services de transports collectifs et le camionnage devaient être perturbés en raison de défaillances du pont actuel.

L'Agence métropolitaine de transport (AMT), responsable des transports collectifs métropolitains, la Ville de Montréal et les municipalités de la Rive-Sud seront appelées à jouer un rôle dans ce «bureau provincial du pont Champlain».

La société fédérale Les Ponts Jacques-Cartier et Champlain (PJCCI) sera aussi un interlocuteur de première main du MTQ dans la mesure où cet organisme est le gestionnaire responsable de l'infrastructure.

Tout en respectant l'autorité du gouvernement fédéral sur l'avenir du pont Champlain, Québec entend quand même «être proactif» dans ce dossier prioritaire, en raison de l'importance stratégique du pont Champlain pour la région métropolitaine et pour l'économie de la province.

«La mobilisation, la définition des besoins et les consensus qui risquent de se dégager au sein des partenaires, précise le document obtenu hier par La Presse, vont certainement faciliter, voire accélérer l'inévitable décision que devra prendre le gouvernement du Canada.»

Coordination entre chantiers

Selon ce document confidentiel, «il appartient au gouvernement fédéral de prendre une décision quant au remplacement du pont Champlain». Cette décision aura toutefois «une incidence sur la planification des travaux routiers du ministère des Transports du Québec pour les 10 prochaines années», et pourrait entrer en conflit avec plusieurs grands chantiers qui avaient été prévus par Québec ou par la Ville de Montréal.

Ainsi, le remplacement du pont Champlain pourrait forcer le ministère des Transports du Québec à modifier certains aspects du projet de reconstruction de l'échangeur Turcot, notamment le profil de l'autoroute 15, entre l'échangeur La Vérendrye et le pont Champlain.

Le remplacement du pont Champlain aura aussi un impact sur le projet de la Ville de Montréal de transformer l'autoroute Bonaventure en boulevard urbain, entre le pont et le centre-ville de Montréal.

Surtout, le projet de remplacement du plus important pont entre Montréal et la Rive-Sud, qui prendra au moins 10 ans, pourrait survenir au même moment où le MTQ a programmé le grand chantier de réfection du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine.

La mise en chantier simultanée de deux infrastructures de transport majeures entre Montréal et la Rive-Sud pourrait causer de sérieux problèmes de circulation aux automobilistes, et ce, durant des années, sur les deux rives du Saint-Laurent.

Dans ce contexte, le Bureau des partenaires aura pour mandat de définir une «vision globale et concertée de l'avenir de ce corridor stratégique», et agira «en amont» du projet du pont Champlain en identifiant les besoins en transports collectifs, notamment, et les contraintes liées à l'intégration urbaine du nouveau pont.

Le Bureau devra aussi préparer un plan de coordination entre les grands chantiers déjà prévus (Bonaventure, Turcot, etc.) et celui du pont Champlain, et planifier le réaménagement des routes relevant du gouvernement provincial aux deux extrémités du pont (autoroute 10 et 15, route 132).

Enfin, le Bureau devra «mettre en commun les plans de mesures d'urgence des organismes concernés afin de développer un plan global et intégré d'intervention et de rétablissement en cas d'urgence» si jamais le pont actuel devait connaître des défaillances «affectant la mobilité des personnes et des marchandises».