La reconstruction de l'autoroute Ville-Marie, qui représenterait le tiers des trois milliards prévus pour la réfection de l'échangeur Turcot, est «une aberration», une dépense «absurde», estime la chef du parti Vision Montréal, Louise Harel.

«Le ministère des Transports du Québec dépense trop et dépense mal, a dénoncé la chef de l'opposition à l'Hôtel de Ville. Nous avons réclamé des justifications à maintes reprises, mais elles n'ont jamais été fournies.»

Dans une présentation étoffée devant les journalistes ce matin, dans un centre sportif à l'ombre d'une des bretelles de l'échangeur, Mme Harel a critiqué plusieurs aspects des travaux annoncés l'automne dernier par le ministre Sam Hamad. On prévoit d'abord refaire trois des quatre kilomètres de l'autoroute Ville-Marie, entre le tunnel et l'échangeur. Ce segment à l'ouest d'Atwater sera débarrassé des hautes structures de béton et ramené au sol.

Toute cette section a été construite en 1972 d'un seul tenant, a rappelé Benoit Dorais, maire de l'arrondissement Sud-Ouest. «Il n'y a pas de problème de structure. Pourquoi l'autoroute serait en mauvais état à l'ouest d'Atwater, mais pas à l'est?»

Les 18 mois de travaux annoncés, les coûts engendrés par le détournement des automobilistes sur les rues avoisinantes, le montant des travaux évalué à un milliard, autant de désavantages et de «tracas» que le MTQ n'a pu justifier, dit M. Dorais. «Il n'y a personne qui répond. Le Ministère n'a jamais répondu au BAPE quand on a demandé les raisons de ce qui semblait une absurdité.»

Marécage et voies inutiles

Les deux élus municipaux ont également dénoncé le déplacement des voies ferrées du CN, au nord de l'autoroute 20, à quelques mètres de la falaise Saint-Jacques. À cet endroit coulait autrefois une petite rivière; le sol y est aujourd'hui instable et marécageux. «C'est une démarche coûteuse et hasardeuse : jamais en 100 ans le CN n'a réussi à y faire quelque chose, dit Mme Harel. C'est faisable, mais ça va coûter une fortune. L'état des finances publiques fait en sorte qu'on n'a pas les moyens  de dépenser autant d'argent.»

L'autre incongruité du projet, qui coûterait inutilement «quelques dizaines de millions», concerne le secteur de La Vérendrye, où on prévoit ajouter deux voies à l'autoroute 15. Elle comporterait dorénavant huit voies pour une capacité semblable. Inutile, tranchent les élus de Vision Montréal. «On n'a pas besoin de ces deux voies supplémentaires, qui feraient de cette portion d'autoroute l'équivalent de deux autoroutes Métropolitain», estime Mme Harel.

Elle estime que le MTQ serait plus avisé de laisser tomber ces volets coûteux et de consacrer l'argent économisé au transport collectif. «On pourrait investir dans des mesures de mitigation pendant les travaux, comme la mise en service d'un tram-train vers Lachine et d'un système léger sur rail par le pont Victoria.»

Photo: Robert Skinner, Archives La Presse

Louise Harel.