On pourrait les appeler le coeur et les yeux du «cerveau électronique» qui dirigera le réseau routier montréalais. La Ville a franchi la semaine dernière une étape déterminante dans la mise sur pied d'un centre de surveillance urbaine, en accordant un contrat de 386 000$ pour un système d'affichage intérieur et de distribution vidéo. On a du même coup lancé un appel d'offres pour l'acquisition de 4 écrans géants, sur lesquels s'afficheront les données en provenance des 500 caméras, des détecteurs et compteurs répartis dans la métropole.

Les premiers à profiter de ce joujou technologique: les automobilistes qui emprunteront le boulevard Pie-IX et la rue Sherbrooke. Ce sont en effet les deux artères identifiées comme «stratégiques» par la Ville et qui bénéficieront d'une gestion intelligente de leurs feux de circulation. Outre la synchronisation des feux, déjà techniquement possible, on évoque la «gestion optimale et efficace» en cas de mesures d'urgence, par exemple pour une évacuation de masse. On pourrait également utiliser le système si on veut détourner la circulation des autres artères, en cas d'incidents graves.

Un autre contrat de 415 000$ a été accordé mercredi à la firme Résologis pour l'installation du réseau de communication de ces deux artères, qui permettra de gérer les feux à partir du centre de commandes. Les appareils permettant de contrôler ces feux, reliés par un câble télémétrique, ont déjà été modernisés pour permettre cette innovation. On compte ensuite s'attaquer aux boulevards Henri-Bourassa et Crémazie. Toutes ces décisions du comité exécutif doivent être entérinées par le conseil municipal, le 11 avril prochain.

Au secours des usagers «vulnérables»

Situé au sixième étage du 810, rue Brennan, dans le Vieux-Montréal, le système de surveillance du réseau montréalais, annoncé en 2008, a réellement pris vie cet hiver. Baptisé Centre de gestion de la mobilité urbaine, il a notamment reçu des ordinateurs, de l'équipement de laboratoire, un système de vidéoconférence, cinq encodeurs et cinq caméras, le tout pour une somme de 92 000$, selon les documents de travail déposés au conseil municipal. Le coeur de ce CGMU sera un logiciel permettant la gestion centralisée des feux de circulation, qui permettra d'améliorer la fluidité de la circulation. Il aura également la tâche de rendre le réseau plus sécuritaire pour tous ses usagers, automobilistes, cyclistes et piétons. On peut ainsi repérer les «zones de risque de collisions» et mieux protéger les usagers considérés comme vulnérables.

De façon ponctuelle, il pourra servir à la gestion de crise, par exemple en cas d'inondations ou de manifestations qui se transforment en émeutes. «Il serait possible de surveiller l'état du rond-point L'Acadie au moment de pluies diluviennes. On pourrait, par exemple, gérer les feux de circulation afin de dévier le trafic en collaboration avec le SPVM», indique-t-on dans un document de travail conçu par les fonctionnaires de la Ville.

Ce projet pilote est le fer de lance du Plan de transport adopté en 2008, qui s'est notamment donné l'objectif ambitieux de réduire de 40% en 10 ans les collisions qui causent des blessures corporelles. Il fait partie d'un ensemble de mesures décrites comme des «systèmes de transport intelligent» que l'on veut intégrer, comme le suivi en temps réel des autobus, la gestion des véhicules d'urgence et le réseau déjà existant de Transports Québec.

À Toronto, un système semblable a été implanté en 1993. On estime qu'il a permis en quelques mois de diminuer de 17% les retards sur le réseau. Selon le département américain des Transports, ces systèmes de gestion de la circulation permettent de diminuer la mortalité due aux accidents de la route et ont un impact significatif sur la pollution de l'air.