L'arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve projette d'interdire les livraisons commerciales de nuit dans les centres commerciaux, les épiceries et plusieurs centaines de commerces afin d'éliminer les nuisances produites par le bruit des camions dans les secteurs résidentiels.

Dans un projet de règlement présenté hier à une rencontre publique d'information, la mairie de l'arrondissement prévoit «l'interdiction de manoeuvres de chargement et de déchargement par tout moyen, quel qu'il soit, lors de la livraison de marchandises pendant la nuit» dans les zones où cohabitent les résidences et les commerces, principalement le long des rues Sainte-Catherine, Ontario, Hochelaga, Notre-Dame et Sherbrooke Est.

Les contrevenants sont passibles d'amendes de 100$ à 300$ pour la première infraction, qui peuvent atteindre 1000$ à partir de la troisième infraction.

Tous les commerces de la rue Hochelaga, d'un bout à l'autre de l'arrondissement, et des rues commerciales Sainte-Catherine et Ontario, entre les rues Moreau et Viau, seront soumis au nouveau règlement. Les commerçants du centre commercial Domaine, une vingtaine de supermarchés, une centaine d'établissements de restauration rapide et des dizaines de dépanneurs, pharmacies, boulangeries, quincailleries et stations-service devront aussi convaincre leurs fournisseurs de s'abstenir de livrer des marchandises entre 22h et 7h du matin.

Certaines entreprises implantées dans des zones strictement commerciales situées principalement le long de la rue Sherbrooke Est sont aussi visées. C'est le cas du magasin Loblaws et des quelque 200 commerçants du centre commercial Place Versailles, situés de part et d'autre de la rue Sherbrooke, et des secteurs commerciaux plus modestes des rues Hochelaga et Notre-Dame, dans le quartier Mercier-Est, à l'est de l'autoroute 25. La livraison y sera interdite de 23h à 6h du matin.

Le règlement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, qui doit être adopté en conseil le mois prochain, sera plus facile à appliquer que les règlements antibruit actuellement en vigueur à Montréal. Il ne nécessitera aucun appareil de mesure acoustique. Le règlement, en effet, n'impose pas de maximum de décibels à respecter; il interdit purement et simplement le chargement et le déchargement de marchandises dans les secteurs ciblés. Ce sont les policiers des deux postes de quartier qui seront mandatés pour veiller à son application, et non des inspecteurs municipaux.

«Cohabitation harmonieuse»

En présentant hier ce projet de règlement, qui doit être adopté en avril, le maire de l'arrondissement, Réal Ménard, a affirmé qu'il visait à favoriser une «cohabitation plus harmonieuse entre les commerçants et les résidants de certains secteurs». Au cours des derniers mois, le conseil a reçu plusieurs plaintes et pétitions à ce sujet. Bien que ces plaintes concernent un nombre très limité d'entreprises, l'arrondissement a choisi d'étendre le règlement aux secteurs zonés «résidentiel et commercial» et à certaines zones commerciales qui voisinent des îlots d'habitation importants.

Le règlement ne s'appliquera pas aux zones industrielles, a précisé M. Ménard, «parce qu'il serait incompatible avec la politique d'implantation industrielle de l'arrondissement». Ainsi, les voisins d'une boulangerie industrielle bien connue du quartier Hochelaga-Maisonneuve qui se plaignent depuis plusieurs années du «bip, bip, bip» strident des avertisseurs de marche arrière ou du vrombissement continu des camions réfrigérés jusque tard dans la nuit devront continuer à manger leur pain noir et à dormir les fenêtres fermées.

Le maire Ménard a reconnu hier qu'il ne s'attend pas à ce que ce règlement soit très populaire auprès des commerçants.

«Je m'attends à ce qu'ils me disent: «On ne contrôle pas nos fournisseurs.» Les propriétaires et franchisés vont devoir faire des pressions pour que les circuits de distribution soient respectueux des horaires. Je suis conscient que cela représente une contrainte, mais il nous apparaît que c'est le prix à payer pour atteindre l'objectif recherché.»

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Commerces touchés

> 20 supermarchés

> 75 dépanneurs

> 120 établissements de restauration rapide

> 75 restaurants à service complet

> 25 pharmacies

> 20 boucheries et boulangeries

> 15 stations-service

> 10 quincailleries

> Centre commercial Place Versailles (200 commerces)

> Centre commercial Domaine (50 commerces)

> Société canadienne des postes

Établissements non touchés

> Boulangerie Au Pain doré (rue de Rouen)

> Lallemand (produits chimiques)

> Mabe (fabricant d'électroménagers)

> Larose&Courchesne (fruits et légumes)

> SAQ Dépôt

> Catelli (produits alimentaires)

Amendes

> 1re infraction: de 100$ à 300$

> 2e infraction: de 300$ à 500$

> Infraction additionnelle: de 500$ à 1000$