Après le vérificateur général, les élus de l'opposition?

La controverse autour du piratage des courriels du vérificateur général a connu une tournure inattendue lundi soir: le maire de Montréal, Gérald Tremblay, a refusé de garantir qu'on n'avait pas intercepté des courriels des élus de l'opposition.

C'est une question du maire de l'arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Réal Ménard, de Vision Montréal, qui a forcé cette révélation étonnante du maire. Durant toute la journée de lundi, les deux partis de l'opposition ont multiplié les communiqués et les appels réclamant la démission du contrôleur général, Pierre Reid.

M. Ménard, lors de l'assemblée du conseil, a accusé M. Reid de s'être «comporté en voyou de l'informatique, en pirate de la confidentialité» en interceptant des milliers de courriels du vérificateur général. Il a demandé au maire Tremblay de garantir «sur son honneur» que les élus de l'opposition n'avaient pas été victimes d'une pareille enquête.

La réponse du maire a étonné plus d'un observateur: «C'est une excellente question. C'est une des questions posées au président du conseil municipal, qui doit y répondre. Je n'ai pas été informé, je ne peux pas répondre à cette question, mais elle est tellement importante qu'il va falloir attendre. Est-ce que je suis informé sur mon honneur que le contrôleur a vérifié le courriel des élus? Je ne peux pas répondre à cette question.»

Le maire de l'arrondissement du Sud-Ouest, Benoît Dorais, est revenu à la charge en soulignant qu'il s'était inquiété il y a quelques semaines de la confidentialité des échanges par courriel qu'il avait avec les citoyens.

Le maire Tremblay a réitéré son intention de transmettre «tous les documents» de cet épineux dossier au ministère des Affaires municipales, «pour qu'il puisse décider des avis et recommandations (à faire) au conseil municipal, qui assumera ses responsabilités».

«Nous aurons toutes les informations pertinentes pour prendre une décision éclairée», a expliqué le maire. Il a par ailleurs exprimé le souhait que le vérificateur général de la Ville, Jacques Bergeron, se présente mardi matin pour répondre aux questions des élus. Au moment de mettre en ligne, aucune garantie n'avait été donnée que cette rencontre aurait bel et bien lieu.

Deux rapports et un débat

Les deux partis de l'opposition se sont par ailleurs opposés au dépôt du rapport du comité de vérification, qui détaille les irrégularités qu'aurait commises le vérificateur général. «Nous allons nous opposer au dépôt du rapport parce que ses conclusions ont été obtenues grâce à des procédures potentiellement illégales, a dit le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, juste avant le début de la réunion du conseil. C'est un rapport pour détruire M. Bergeron. Il n'a jamais été questionné sur son contenu, c'est déloyal, c'est affreux, comment ç'a été fait.»

Le rapport du comité de vérification conclut que Jacques Bergeron aurait commis des irrégularités, notamment en accordant deux contrats de traduction à sa belle-soeur. Il est aussi soupçonné d'en avoir scindé deux autres afin de se soustraire au processus d'appel d'offres.

- Avec la collaboration de Gabriel Béland