Les deux partis de l'opposition vont s'opposer ce soir au conseil municipal de Montréal au dépôt du rapport du comité de vérification, qui détaille les irrégularités qu'aurait commises le vérificateur général de la Ville, Jacques Bergeron.

Union Montréal veut déposer le document de deux pages, qui émane d'une enquête de 10 mois menée par le contrôleur général, Pierre Reid. Les leaders de l'opposition estiment toutefois que le conseil devrait avant tout se pencher sur les méthodes «d'espionnage» utilisées par M. Reid.

«Nous allons nous opposer au dépôt du rapport parce que ses conclusions ont été obtenues grâce à des procédures potentiellement illégales», a dit le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, juste avant le début de la réunion du conseil.

Les partis de l'opposition vont plutôt suggérer que le conseil demande un avis juridique sur le rapport. S'il est admis que l'intrusion dans la boîte courriel du vérificateur s'est faite de manière illégale, alors le conseil ne devrait tout simplement pas tenir compte du rapport.

Minoritaires, les élus de l'opposition devraient être défaits sur cet enjeu. Le rapport devrait donc être déposé ce soir. «Mais on fait appel à la responsabilité des élus d'Union Montréal dans ce dossier», explique la chef de Vision Montréal, Louise Harel.

Le rapport du comité de vérification conclut que Jacques Bergeron aurait commis des irrégularités, notamment en octroyant deux contrats de traduction à sa belle-soeur. Il est aussi soupçonné d'en avoir scindé deux autres afin de se soustraire au processus d'appel d'offres.

En réplique, le vérificateur général a produit un rapport de 51 pages, qui détaille comment sa boîte courriel a été «piratée» dans le cadre de cette enquête. Selon ce rapport, dévoilé en fin de semaine, des centaines et peut-être même des milliers de courriels du vérificateur ont ainsi été copiés par des fonctionnaires de la Ville.

Si les partis de l'opposition ne souhaitent pas que le rapport de la Ville soit déposé au conseil, ils espèrent néanmoins que le rapport de Jacques Bergeron le soit. Le coeur du débat, selon eux, réside dans les méthodes employées par la Ville dans ce dossier. Des méthodes illégales qui visent «à détruire Jacques Bergeron et à détruire l'institution que représente le vérificateur général».

Selon eux, le maire de Montréal, Gérald Tremblay est en guerre larvée depuis des mois avec le vérificateur. Le piratage de sa boîte courriel et les accusations d'irrégularités qui ont suivi sont selon eux le dernier chapitre de ce conflit.

Les deux rapports, celui du vérificateur et celui de la Ville, seront au coeur d'un débat mardi matin auquel devrait assister Jacques Bergeron. Le vérificateur général a été sommé par le président du conseil municipal d'assister à la séance du mardi matin. En soirée lundi, M. Bergeron n'avait toujours pas indiqué s'il allait assister au conseil.