Le ministre fédéral des Transports, Chuck Strahl, a affirmé hier que le pont Champlain «sera bon pour les 10 prochaines années», mais il est resté vague sur l'avenir à long terme de cette infrastructure essentielle pour le Grand Montréal.

La prudence du ministre Strahl quant à la pérennité du pont le plus fréquenté au Canada contraste avec l'assurance de son prédécesseur, Lawrence Cannon, qui avait assuré il y a trois ans à peine que le pont Champlain était là pour de bon. En 2007, M. Cannon avait même affirmé que son gouvernement n'avait pas l'intention d'entreprendre des travaux de réfection majeure puisque le pont était dans un état satisfaisant.

De passage à Montréal pour une rencontre avec des leaders des institutions et de l'industrie des transports, le ministre Strahl a insisté hier sur les 212 millions de dollars qu'a alloués le gouvernement en 2009 pour l'entretien du pont Champlain pendant 10 ans. Selon lui, ces sommes seront suffisantes pour assurer la sécurité du pont jusqu'à la fin de la décennie.

«Ça, c'est pour le moyen terme, a-t-il déclaré lors d'un court point de presse. À plus long terme, l'avenir du pont est aussi important pour Montréal. Nous le reconnaissons. Et c'est pourquoi le gouvernement fédéral et le gouvernement du Québec ont financé une étude pour évaluer ce que nous pouvons faire. J'espère recevoir le rapport dans les prochains jours.»

«Je ne connais rien d'autre du rapport que ce que j'ai vu dans les médias, a-t-il ajouté. Tout ce que je sais, c'est que nous avons des options et une série de demandes sur ce que le pont devrait avoir à plus long terme. Combien de voies devrait-il avoir? Est-ce qu'on doit y implanter un train léger? Quel en sera le design, comment sera-t-il conçu? Je ne sais pas.

«Mais le pont est sécuritaire, il y a des budgets pour le garder sécuritaire pour les 10 prochaines années, a assuré le ministre. Cela nous donne le temps de prendre des décisions bien réfléchies. Nous allons en discuter avec la Société des ponts fédéraux, avec le gouvernement du Québec, avec les municipalités qui vont être intéressées dans ces discussions. C'est un dossier important pour Montréal et nous voulons prendre le temps de prendre les bonnes décisions.»

Étude de préfaisabilité

La Presse a rendu publiques, jeudi, les grandes lignes de l'Étude de préfaisabilité portant sur le remplacement de l'actuel pont Champlain, commandée en 2009 par la société des Ponts Jacques-Cartier et Champlain (PJCC). Sans faire de recommandation formelle à PJCC ou au gouvernement fédéral, les auteurs de l'étude indiquent que la reconstruction du tablier du pont est devenue «incontournable» et que les coûts d'entretien annuels de l'ouvrage sont appelés à augmenter après 2020.

Plusieurs types de ponts sont envisagés pour le remplacement du pont actuel. À titre illustratif, un pont à haubans - comme le pont Pierre-Laporte, à Québec - coûterait environ 1,3 milliard de dollars à construire, tandis qu'un tunnel à faible profondeur entraînerait des coûts de 2 milliards. Ces coûts excluent plusieurs travaux qui devront être réalisés dans le réseau routier pour l'adapter à la nouvelle infrastructure.

M. Strahl n'a pas écarté l'idée que les automobilistes soient appelés à contribuer au financement d'un nouveau pont Champlain au moyen d'un péage. La Presse a révélé hier que des fonctionnaires ont récemment présenté un scénario de péage sur les ponts Champlain et Jacques-Cartier.

Le ministre des Transports, de l'Infrastructure et des Collectivités a toutefois exclu que le péage soit implanté sur les ponts existants. «Il n'y a aucune discussion pour implanter un péage sur des structures existantes, a déclaré M. Strahl. Le pont va rester là au moins 10 ans, nous avons déjà établi les budgets pour son entretien, il n'y a donc aucun besoin pour un péage. D'ordinaire, on peut envisager un péage pour de nouvelles infrastructures. En ce moment, c'est vraiment prématuré d'en discuter. Mais ce qui est sûr, c'est que pour les structures existantes, nous ne changerons pas les modes de financement.»