Un cadre du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) fait face à six accusations pénales pour avoir produit des fausses déclarations aux douanes en tentant d'importer deux véhicules récréatifs achetés aux États-Unis. Alain Thibeault, ex-commandant de la section des produits de la criminalité, a été réaffecté à des tâches administratives depuis l'ouverture de l'enquête, a appris La Presse.

Alain Thibeault est soupçonné d'avoir donné des indications «fausses ou trompeuses» à deux reprises relativement à la valeur d'autocaravanes qu'il a tenté d'importer via le poste frontalier Saint-Bernard-de-Lacolle. La première affaire s'est déroulée en octobre 2008. Selon l'acte de dénonciation, M. Thibeault est soupçonné d'avoir éludé ou tenté d'éluder délibérément le paiement des droits prévus pour un Winnebago de modèle Vista datant de l'année 2002 et d'avoir tenté d'introduire en fraude au Canada une marchandise à laquelle des droits s'appliquaient. Il est accusé d'avoir reproduit le geste le 7 mai 2010, cette fois, avec un Winnebago Rialta QD 2002.

S'il est reconnu coupable, il est passible d'une amende minimale de 1000$ et maximale de 25 000$ pour chaque chef d'accusation.

Le Service des poursuites pénales du Canada, qui est chargé de traduire le dossier devant le tribunal, n'a pas voulu dire combien valaient les véhicules. Selon nos recherches auprès d'un concessionnaire et sur des sites de petites annonces, ces deux modèles coûtent aujourd'hui entre 30 000$ et 40 000$ sur le marché d'occasion.

En tant que commandant de la section des produits de la criminalité, M. Thibeault était chargé de superviser une équipe dont le but est de lutter contre le blanchiment d'argent dans le domaine du crime organisé, donc de scruter les revenus et les avoirs des gens soupçonnés de frayer dans le monde interlope. Les produits saisis par cette escouade servent à financer des programmes publics. Le poste de commandant est le premier grade de cadre au SPVM.

Le SPVM a donné hier peu de détails sur cette affaire. Le sergent Ian Lafrenière s'est limité à dire que le cadre avait été affecté à des fonctions administratives le temps que le dossier soit réglé.

Selon le Service des poursuites pénales du Canada, les accusations ont été portées le 20 janvier, mais la comparution est prévue le 14 mars devant la Cour du Québec du palais de justice de Saint-Jean-sur-Richelieu. Joint hier soir, M. Thibeault n'a pas souhaité commenter l'affaire, préférant laisser le processus judiciaire suivre son cours.